F1 - Pourquoi la stratégie de Hamilton a échoué

Mercedes a tardé à faire l'arrêt de Lewis Hamilton à Sotchi, en anticipant mal l'état de ses pneus. L'équipe a ensuite voulu le protéger de Sebastian Vettel.
Avant de demander à Valtteri Bottas de laisser passer Lewis
Hamilton à Sotchi, Mercedes avait fait un mauvais choix stratégique
pour l'Anglais. Hamilton s'est arrêté deux tours après Bottas, et
surtout un tour après Sebastian Vettel, qui a ainsi pu le doubler.
Pourquoi avoir autant attendu ? Mercedes a d'abord penser qu'avec
le champs libre, Hamilton pouvait augmenter son rythme mais dès
qu'il l'a fait, ses pneus se sont dégradés.
« Quand Valtteri s'est arrêté, Lewis a pu améliorer ses
performances en profitant du champs libre, et on a vu qu'il roulait
un peu plus vite, » explique Andrew Shovlin, le responsable de
l'ingénierie de Mercedes, dans une vidéo publiée par l'équipe.
« Il a pu trouver environ 0,6sec (au tour). C'est ce qui
nous a fait penser qu'avec le champs libre, nous pourrions même
repartir devant (Max) Verstappen (qui ne s'était pas encore
arrêté). Mais malheureusement, en attaquant sur les pneus, les
ultra-tendres ont commencé à se dégrader. Ces pneus ne sont
pas très solides. Nous aurions dû le faire rentrer aux stands un
tour plus tôt. Ferrari en a profité, ils ont fait rentrer Vettel et
ils ont pu nous faire l'undercut. »
Faire l'arrêt de Hamilton avant celui de Bottas aurait évité cette
situation, mais Mercedes ne pouvait pas l'anticiper
: « Sincèrement, nous avons tout envisagé, »
explique Shovlin. « Nous discutions des possibilités avec les
voitures à chaque tous. Nous ne savions pas quel serait le rythme
avec le champs libre. Nous ne savons pas combien de tours il
pourrait faire avec les ultra-tendres. Donc c'est pour cela que
nous ne l'avons pas fait rentrer aux stands. Nous savions que
nous reprendrions la piste derrière Verstappen, et que nous serions
sous la menace de la Ferrari. C'est pour cela que nous avons
arrêté Valtteri en premier. »
Des inquiétudes sur les pneus et le rythme de Vettel
Pour expliquer sa consigne de course, Mercedes a mis
en avant le blister, l'apparition de cloques, sur les pneus de
Lewis Hamilton. L'Anglais a attaqué après son premier arrêt, pour
doubler Sebastian Vettel, et il n'a eu besoin que d'un tour pour
reprendre l'avantage. Il a légèrement endommagé ses pneus et c'est
pour cela que Mercedes a voulu le protéger d'une attaque de Vettel,
en plaçant Valtteri Bottas entre les deux hommes. L'équipe ignorait
l'évolution de l'état des pneus.
« C'était une petite inquiétude, on a pu voir à la télévision
qu'il y avait une ligne au milieu du pneu, » précise Shovlin.
« Cela aurait pu être pire, mais quand on attaque au début
d'un relais, (les pneus) ont beaucoup d'adhérence et beaucoup de
gomme. C'est ce qui les rend si vulnérables au blistering. Le
problème est qu'on ne sait pas avant bien plus tard dans le relais,
quand le pneu a subi une dégradation, quel est le problème que l'on
a créé. »
Mercedes ignorait si Vettel pouvait tenter une attaque sur Hamilton
: « Il y a des choses dont nous n'étions pas
certains, » reconnaît Shovlin. « L'une d'entre elles était le
rythme de la Ferrari en pneus tendres. Nous avons vu que dans
le premier relais, c'était très, très difficile de creuser un
écart, donc nous savions qu'ils étaient rapides. L'autre aspect
était que tout le monde était derrière Verstappen, donc les écarts
se resserraient. Il restait en piste, donc il aurait pu
bénéficier d'une voiture de sécurité et nous étions inquiets que
les voitures se regroupent. Cela serait devenu chaotique, Sebastian
aurait pu faire une manoeuvre. Ces choses sont très difficiles à
calculer mais nous avions vraiment une inquiétude. »


