F1 - Mercedes assure avoir fait un arrêt en 1,8sec

Valtteri Bottas a pris la tête grâce à un arrêt mesuré en 1,83sec à Shanghaï... mais cela n'a pas suffit à le faire gagner. Mercedes décrypte ses stratégies.
Plusieurs équipes ont eu des soucis dans leurs changements de pneus depuis le début de la saison. Chez Mercedes, ils se déroulent mieux que jamais. L'équipe prétend avoir fait un arrêt en 1,83sec à Shanghaï, lors du passage aux stands de Valtteri Bottas en début de course. Cet arrêt, un tour avant celui de Sebastian Vettel, a permis au Finlandais de prendre l'avantage sur son rival, jusque là leader.
« Notre arrêt a été incroyable, » explique James Vowles, le responsable des stratégies de Mercedes, dans une vidéo publiée par l'équipe. « Nous avons fait un arrêt en 1,83sec selon notre système de feux lumineux. C'est très rapide. Nous n'avions pas fait d'arrêts aussi rapides depuis Austin 2016, à l'époque où les pneus et les roues étaient plus petits (et donc plus légers). »
DHL, qui mesure le temps de tous les arrêts, a fait de ce changement le plus rapide de la course... mais en comptabilisant 2,15sec. Mercedes communique visiblement le temps total du changement de roue, alors que DHL prend en compte le temps d'arrêt de la monoplace. La différence entre les deus calculs serait donc le temps de réaction de Bottas, entre le moment où il a reçu le feu vert et celui où il est reparti.
Bottas a parfaitement géré son tour
A lui seul, un si bon arrêt n'aurait pas suffit à donner la tête à Valtteri Bottas. Le Finlandais a pu faire l'undercut, profiter d'un arrêt plus tôt pour prendre l'avantage, grâce à plusieurs éléments.
« Nous étions à 3,3sec de Sebastian quand nous sommes passés aux stands pour faire l'undercut, » précise Vowles. « Tout s'est déroulé à la perfection. »
Ferrari a fait un moins bon arrêt que son rival, ce qui a contribué à donner l'avantage au pilote Mercedes : « L'arrêt de Sebastian a été environ 0,9sec plus lent, si on compte le temps total dans l'allée des stands, » explique Vowles. « L'arrêt lui-même était 0,7sec plus lent. Nous avons immédiatement grignoté cette marge. »
Les 2,4sec restantes avaient été comblées dans le tour entre les arrêts des deux pilotes. Bottas a été très performant : « Le tour de sortie des stands de Valtteri a été extraordinaire, » souligne Volwes. « Nous avons transmis plusieurs messages à Valtteri, pour qu'il sache bien quoi faire, et cela ressemblait à un tour de qualifications. Il a fait ça à la perfection. Il n'a pas fait la moindre erreur. Cela a permis de gagner quelques secondes. »
Durant ce tour, Bottas avait l'avantage des pneus neufs, alors que Vettel, encore en tête, devant composer avec des pneus usés. « Sebastian souffrait vraiment en pneus usés, » relève Volwes. « Ils étaient encore en bon état et ils n'étaient pas complètement finis mais cela lui faisait perdre quelques dixièmes. »
La voiture de sécurité a tout chamboulé
Bottas a finalement repris la tête avec 0,7sec d'avance sur Vettel. En un tour, il a gagné 4,0sec par rapport à Vettel. « Tout se passait aussi bien que possible, » note Volwes.
L'équipe ne pensait pas être sous la menace des pilotes qui envisageaient un deuxième arrêt : « Nous pensions que les pneus médiums tiendraient jusqu'à la fin de la course, » explique l'ingénieur. « Sebastian était derrière nous. Si Sebastian, les Red Bull ou quelqu'un d'autre faisait un deuxième arrêt, cela leur aurait fait perdre une vingtaine de secondes. »
Cela n'a pourtant pas suffit pour que Bottas s'impose, puisque la voiture de sécurité a chamboulé les plans de Mercedes. Après le contact entre les pilotes Toro Rosso, Max Verstappen et Daniel Ricciardo sont passés aux stands pour changer de pneus. Valtteri Bottas et Sebastian Vettel n'avaient pas la possibilité de le faire : au moment où la Safety Car a été déployée, ils venaient de dépasser l'entrée des stands.
Lewis Hamilton, situé entre les pilotes Red Bull, aurait très bien pu passer aux stands, et il a d'ailleurs évoqué le sujet par radio. Mercedes n'a pas pensé que le risque valait la peine d'être pris.
« A ce stade de la course, les voitures ne se doublaient pas vraiment, même quand elles avaient des pneus différents, » justifie James Vowles. « Nous avions Kimi devant en pneus tendres, ce qui ne faisait pas une grande différence. »
« Nous devions étudier le nombre de places que nous pouvions gagner, et le nombre de places que nous pouvions perdre. Pour celles à gagner, il y avait Verstappen devant. Nous savions qu'il pouvait rentrer. Si c'était le cas, cela donnait une place sur le podium à Lewis si nous pouvions faire tenir les médiums et nous défendre. Les médiums marchaient très bien. Il fallait voir combien de places nous allions perdre. Nous savions que si Ricciardo ne s'arrêtait pas, il passerait devant. Lewis serait ressorti juste devant ou derrière Kimi (Räikkönen). Nous savions que nous resterions derrière Verstappen. »
« Avec tous les faits à notre disposition, nous ne pensions pas que prendre les pneus tendres donneraient un avantage suffisant pour passer devant les pilotes en médiums. »
James Vowles estime que les Red Bull ont été « extraordinairement rapides », ce qui a finalement permis à Daniel Ricciardo de prendre l'avantage.
Ce n'est pas la première fois que Mercedes est piégée par ces analyses cette année. A Melbourne, l'équipe avait mal calculé l'écart dont Hamilton avait besoin pour être à l'abris d'une voiture de sécurité, ce qui a donné la victoire à Vettel.