F1 - Quand Brawn a découvert Schumacher

La carrière de Michael Schumacher, qui fête ses 50 ans, est intimement liée à celle de Ross Brawn. L'Anglais a partagé ses souvenirs avec l'Allemand.
Michael Schumacher fête ses 50 ans ce jeudi. L'Allemand a le
plus grand palmarès de la F1, avec 91 victoires et sept titres.
Seulement trois de ces succès ont été conquis dans des voitures
dont la conception n'était pas supervisée par Ross Brawn. L'Anglais
était le directeur technique de Benetton, avec qui il a remporté
ses deux premiers titres, et il a rejoint Ferrari un an après lui,
pour l'aider à remporter cinq titres supplémentaire. Brawn a par la
suite dirigé Mercedes, l'équipe avec laquelle Schumacher a fait son
retour de 2010 à 2012.
Les deux hommes ne se sont pourtant pas rencontrés en Formule 1. En
1990 et 1991, avant de faire ses débuts chez Jordan, Schumacher
roulait pour Mercedes en endurance. Ross Brawn était alors le
directeur technique de l'équipe rivale, Jaguar, et il avait décelé
le talent de Schumacher.
« L'année où nous avons remporté le championnat avec Jaguar
(en 1991), notre seule véritable concurrence, sincèrement, était
Michael dans la Mercedes, parce que les autres pilotes étaient loin
d'être aussi bons, » se souvient Brawn dans un épisode de
Beyond The Grid, le podcast de la F1, dédié à Schumacher.
« En endurance, il fallait être rapide mais aussi penser au
carburant, des relais à moitié à l'économie en course. Mais il
faisait des temps comme s'il avait moins de carburant que les
autres, et il faisait largement mieux. »
« Nous avons un peu profité du fait que la direction de
Mercedes donnait un temps égal à ses pilotes dans la voiture, donc
Michael nous menait la vie dure puis les deux autres nous
facilitaient un peu la tâche. »
Ross Brawn a rejoint Benetton en F1 et avec Tom Walkinshaw,
directeur de l'ingénierie de l'équipe mais aussi responsable de
l'engagement des Jaguar en endurance, il a tenté de convaincre
Flavio Briatore, le patron de l'équipe, de recruter Michael
Schumacher. Des discussions ont eu lieu mais Briatore avait des
doutes : « Il n'était pas convaincu parce qu'il ne savait rien
de Michael Schumacher, » se souvient Brawn. Il a fallu
attendre les débuts de l'Allemand chez Jordan, à Spa, pour que
Briatore soit séduit, et le recrute dès la course
suivante. « L'histoire de Flavio qui découvre Michael
Schumacher est un peu exagérée ! » s'amuse Brawn.
Schumacher a été au sommet pendant longtemps
Ross Brawn a travaillé avec Michael Schumacher du début à la fin
de sa carrière. Lorsqu'il doit choisir la période où il était au
sommet de sa carrière, il a du mal à en choisir une, même si ses
cinq titres consécutifs avec Ferrari sortent du lot, de 2000 à
2004.
« Je dirais les années Ferrari, au début des années 2000, »
indique Brawn. « Nous étions assez dominants. Mais il
gagnait des courses qu'il n'aurait jamais dû gagner. Il était
majestueux à cette époque. Il était impressionnant à voir. Sa
vitesse, sa constance, ses méthodes de travail avec l'équipe.
C'était une période assez spéciale. »
« Quand on cherche le sommet (de sa carrière), on parle d'une
personne au sommet durant la plus grande partie. On compare des
performances très élevées, à chaque année. En 1994, quand il a
gagné son premier championnat, il était incroyable. Nous avions une
très bonne voiture, mais il était tout simplement
exceptionnel. »
« C'est dur de trouver un sommet, parce qu'en un sens cela a
été constant, à un niveau tellement élevé que c'est difficile de
ressortir (un moment). »
« Je pense que ce qui m'a le plus impressionné dans la
carrière de Michael, c'est 2005 et 2006. Les décisions autour des
pneus étaient contre nous. Nous avions développé une voiture avec
Bridgestone, avec un petit réservoir, faite pour faire plusieurs
arrêts. Il y avait beaucoup d'arrêts. C'était un des éléments de
notre domination. Fin 2004, la FIA et Bernie (Ecclestone, alors
gestionnaire commercial de la F1) ont décidé d'imposer de faire
toute la course sur un train de pneus, ce qui a totalement nuit à
la philosophie de la Ferrari à cette époque, et des pneus
Bridgestone, qui avaient une adhérence et une dégradation fortes,
mais des performances fantastiques. Cela convenait mieux à
Michelin. Nous sommes passés d'une domination (...) à prendre
un tour face à des voitures que nous n'avions pas vu venir l'année
précédente. »
« La façon dont Michael est resté motivé et concentré à cette
époque est à mettre à son crédit. Il a énormément travaillé et nous
avons failli gagner en 2006. Il y a eu plusieurs incidents qui nous
ont fait perdre le championnat en fin de saison, mais nous étions
des prétendants alors qu'au début du changement de règlement,
c'était embarrassant. Nous ne savions pas si les pneus tiendraient
toute la course. Cette règle était faite pour nuire à
Ferrari. »
Brawn est admiratif de la façon dont Schumacher gérait les
difficultés : « Une de ses forces était de garder ces soucis
en privé, » estime-t-il. « Il ne se plaignait pas hors de
l'équipe. Il pouvait être en colère mais il n'allait pas dans les
médias pour se plaindre de quelqu'un. Il défendait et soutenait
toujours son équipe. Il pouvait être plus direct en privé, mais
c'est normal. »
Schumacher était apprécié dans toutes les équipes pour lesquelles
il a roulé : « Les gens qui ont travaillé avec lui n'ont
jamais eu une mauvaise chose à dire à son sujet. »
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