F1 - Carey pense à plus long terme qu'Ecclestone

Chase Carey veut investir pour conquérir un nouveau public. Les équipes auront des revenus en baisse en 2018 mais elles soutiennent le Président de la F1.
Moins d’un après sa prise de contrôle de la Formule 1, Liberty
Media a déjà énormément investi. Le nouveau propriétaire de la FOM,
la société en charge de la communication de la F1, veut développer
le championnat et attirer un nouveau public. Chase Carey, le
Président de la F1, estime que Bernie Ecclestone, son prédécesseur,
ne faisait pas assez d’efforts en ce sens et qu'il ne pensait pas
assez à long terme. La popularité du championnat en a souffert.
« Nous investissons pour le long terme, » a précisé Carey
à Crash.net. « Je pense que ce sport a été freiné par une
pensée uniquement à court terme. Beaucoup de choses ne sont pas
allées dans le bon sens ces dernières années, mais cette année les
spectateurs ont été plus nombreux, les audiences ont été en hausse,
donc nous sommes dans un état d'esprit plus positif. Le championnat
avait besoin de cette énergie et de cet investissement. »
« L’entreprise ne pouvait vraiment se développer et faire grandir
le championnat. Il n'y avait pas d'études, pas de marketing, pas
d'organisation pour le numérique et sans ce genre de ressources, on
perd du terrain. »
Des investissements coûteux... mais qui peuvent rapporter
Les changements insufflés par Liberty nécessitent de lourds
investissements, qui ne portent pas directement leurs fruits
: « Quand on met en place une organisation sur le
numérique, il y a des dépenses avant d'avoir des retours, »
confirme Chase Carey. « C'est ce qui arrive quand on créé
des compétences qui n'existaient pas. Faire des choses comme la
démonstration à Trafalgar Square, des festivals pour les
supporters, cela demande des investissements. »
A court terme, ces investissement demandent un effort aux équipes.
Liberty augmente la part de son budget lié aux investissements et
les revenus versés aux quipes vont baisser en 2018. Cette baisse
peut créer des tensions mais Chase Carey pense qu'elle sera
comprise.
« Du côté des équipes, tout le monde voudrait le beurre et
l'argent du beurre, » indique-t-il. « Le monde ne
fonctionne pas comme ça. Elles comprennent et soutiennent ce que
nous faisons, et nous sommes d'accord sur ce qu'il faut faire, sous
de nombreux aspects. »
Christian Horner a confié à Reuters que Liberty a proposé une
compensation « très généreuse » aux équipes. Le but est
de payer une avance aux équipes qui le souhaiteront, sans intérêts,
pour que l'argent versé par la FOM en 2018 corresponde à leurs
prévisions. Le patron de Red Bull juge les investissements de
Liberty nécessaires : « Ils veulent analyser les choses pour
l'avenir, et cela implique des coûts, » a-t-il expliqué en
conférence de presse à Yas Marina. « Inévitablement, il y a un
investissement qui aurait des effets en 2018, probablement en 2019
également, mais nous verrons un retour sur investissement dans deux
ans. »
Les équipes sentent les changements
La première mesure de Liberty Media a été d'ouvrir la
communication de la F1, pour toucher un plus grand public. Cela
s'est traduit avec des vidéos de la saison en cours publiées sur
les réseaux sociaux, ce qui n'existait pas auparavant. Toto Wolff y
voit un signe très positif.
« Ce qui sort du lot pour moi, c'est l'ouverture sur les
réseaux sociaux, c'est vraiment la première chose qu'ils ont faite
en début d'année et cela offre plus de possibilités et de
visibilité, » explique le patron de Mercedes Motorsport.
Cyril Abiteboul est du même avis. Il sent une plus grande ouverture
dans le fonctionnement de la F1 : « Je pense que l'atmosphère, le
style, tout ça a changé, » précise le directeur général de Renault
Sport Racing. « Ils peuvent ouvrir le paddock aux gens mais aussi
au monde, avec les réseaux sociaux. Ce sont de petites victoires
mais c'était important. »
Du côté de Ferrari, Maurizio Arrivabene apprécie que Liberty
travaille sur la « spectacularisation » de la F1 :
« Rapprocher le spectateur, et aussi le téléspectateur, de la
piste, » précise le patron de la Scuderia. « Ils ont
montré un grand enthousiasme et un grand engagement. »
Cette politique s'est poursuivie avec le F1 Live Londres, un grand événement au coeur de
la capitale anglaise en juillet dernier : « Enormément de
choses se sont ouvertes, que ce soit sur le numérique, dans les
accès, etc etc, » précise Horner. « Nous l'avons tous
senti, le moment fort a probablement été l'investissement qu'ils
ont fait pour la promotion au Royaume-Uni, à Londres, avec
l'événement à Trafalgar où 19 des 20 pilotes étaient présents.
Toutes les voitures étaient là. C'était complètement gratuit, il y
avait un concert pop pour inciter les gens à tisser un lien avec la
Formule 1. »
De tels événements devraient se reproduire en 2018, alors qu’ils
étaient très rares sous l’ère Ecclestone, qui privilégiait les
solutions pouvant apporter des revenus directs. Liberty ne néglige
pas cet aspect puisque des offres pour suivre la F1 en streaming, à
travers un abonnement, sont en préparation.


