F1 - Pourquoi Monaco est si spécial

La difficulté du tracé, la proximité des rails et l'ambiance font de Monaco une course unique. Les qualifications et la course sont totalement à part.
Le Grand Prix de Monaco est le plus célèbre du
calendrier. « Quand on pense à la F1, on pense à
Monaco, » estime Esteban Ocon. Mais pourquoi cette course est
si particulière ? Le tracé comme l'atmosphère contribuent à en
faire un rendez-vous singulier selon Nico Hülkenberg.
« Rien n’est semblable à Monaco et aucun autre rendez-vous ne
s’en rapproche ! » souligne le pilote Renault.
« C’est le moment fort de l’année, la course que j’attends le
plus. C’est unique et spécial dans tous les sens du terme :
les strass et les paillettes, le côté glamour, le circuit en
lui-même... L’atmosphère est incroyable tout au long du week-end.
Et il y a cette sensation de vitesse qui vous donne le
tournis ! »
Le circuit est étroit et les rails de sécurité sont très
proches. La difficulté est de trouver la limite, et de ne
jamais la franchir : « C’est un vrai défi dans le
pilotage, » souligne Ocon. « Il faut être précis, il n’y
a aucune place à l’erreur. Il faut être à la limite très rapidement
et faire attention à ne pas la dépasser. L’an dernier, je l’ai
découvert dans la troisième séance d’essais, et avec un peu plus
d’expérience cette année, j’espère que cela ne se reproduira
pas. »
Pierre Gasly aime les particularités de ce circuit : « C’est
une piste folle, avec des parties où on roule à 300km/h, et le
lundi après la course, les gens ne sont même pas à 50km/h dans leur
voiture, » s’amuse le pilote Toro Rosso. « Les rues ne
sont normalement pas faites pour les vitesses auxquelles nous
roulons, mais j’adore ça, ça fait monter l’adrénaline. »
« On dit que la pilote fait la différence sur ce circuit, mais
la nature de la piste et les bosses font que c’est quand même
important d’avoir une bonne voiture, même si un bon pilote peut
trouver les derniers dixièmes, ceux qui comptent le plus. »
Romain Grosjean voit aussi un véritable défi sur ce circuit :
« A Monaco, on ne peut pas faire la moindre erreur, sinon on
finit directement dans le mur, » explique le pilote Haas.
« C’est dur de trouver les limites de la voiture. On doit
toujours rester sous (la limite), sauf en qualifications ou dans un
tour très rapide. C’est très étroit et on va très vite entre les
murs. C’est un véritable défi. »
Les qualifications sont le point culminant
Le circuit de Monaco est celui où le gain de performance est le
plus important entre les premiers et les derniers tours. Les
pilotes doivent prendre leur rythme étape par étape en début de
week-end.
« Vous devez prendre confiance pas à pas, tour par tour, séance par
séance, » souligne Hülkenberg. « Il n’y a aucun intérêt à
brûler les étapes ou à se montrer trop vite trop sûr. Si vous
faites cela, le mur n’est jamais très loin. Vous devez atteindre
votre pic de confiance en qualifications afin de prendre des
risques et jouer avec les rails pour être à la limite. Cela procure
des frissons tout particulièrement excitants ! »
Son équipier, Carlos Sainz, partage son opinion : « Pour
réussir son week-end, la clé est d’avoir confiance en soi et en sa
voiture, » souligne l’Espagnol. « Pour cela, vous devez
construire votre confiance par petites étapes pour être à
100 % en qualifications. »
Ces qualifications sont le point culminant du week-end. La pole
d'Ayrton Senna en 1988, avec 1''427 d'avance sur son plus proche
rival, est restée dans la légende. Il faut faire le tour parfait,
en attaquant énormément, sans faire d'erreur.
« En qualifications, c’est vraiment l’endroit le plus grisant de
l’année, parce qu’on roule à 300km/h, à 10 centimètres des murs
partout, on cherche la performance et on attaque un peu plus, et ce
petit plus est vraiment significatif, » explique Pierre Gasly.
« On n'a aucun droit à l'erreur, parce que si on freine un
mètre plus tard, on est un mètre trop large et on est directement
dans le mur. C’est vraiment excitant. »
Sainz juge des qualifications « cruciales » : «
Généralement, la tension est à son comble, » précise-t-il . « Je
dirais même que c’est l’une des séances les plus difficiles de
toute la saison, si ce n’est la plus dure ! Il faut ce petit
plus de détermination. Quand vous réalisez le tour parfait sur ce
tracé, vous ressentez des choses uniques. C’est
incroyable. »
La course est très incertaine
La course est un exercice très différent, avec la nécessité de
trouver le bon rythme. Il est très difficile de doubler mais à tout
moment, un événement peut tout chambouler.
« Les courses sont un peu difficiles, parce que c’est très dur
de doubler, donc tout dépend de la stratégie, et il faut être
concentré du début à la fin, » souligne Gasly. « Même
quand on pense que rien ne va changer, quelqu’un peut faire une
erreur à la fin et cela peut ouvrir une opportunité qu’il faut être
prêt à saisir. La course est très longue et c’est un peu frustrant,
parce que ce n’est pas facile de doubler une voiture plus lente si
le pilote à son volant se défend bien. »
Nico Hülkenberg estime qu'il faut être concentré du début à la fin
: « Ce n’est pas la piste la plus exigeante physiquement, mais elle
requiert beaucoup de concentration, de précision et de discipline,
» explique-t-il. « Sur ce tracé assez lent, on ne prend
pas beaucoup de G, mais chaque tour nous sollicite. Il faut être
très concentré puisque la moindre erreur peut vous mener dans le
rail. À Monaco, tout repose sur la confiance au volant et la
confiance que vous avez dans votre voiture. »
Romain Grosjean a gagné sur ce circuit en GP2 en 2009. Pour y
parvenir, il faut faire un week-end parfait : « C’est
probablement l’un des courses les plus difficiles à gagner, »
estime Grosjean. « Il faut que tout se passe à la perfection,
de la première séance d’essais à l'arrivée. Il faut un bon rythme
pendant les essais et espérer un top trois en qualifications.
Ensuite, il faut un bon départ, une bonne stratégie et bien rouler
jusqu’à la fin. C’est très difficile de tout bien faire. »
Une ambiance à part
Monaco sort également des habitudes pour son ambiance. De
nombreuses personnalités qui font le déplacement pour cet
événement.
« Le lieu est très spectaculaire, » estime Ocon.
« C’est beau et glamour, et l’atmosphère est incroyable. Quand
on arrive en début de semaine, on sourit en permanence quand on
voit les dernières touches apportées dans les stands. »
Les pilotes doivent apprendre à gérer toutes les sollicitations
: « Il se passe beaucoup de choses en dehors de la
course, mais j’arrive à ignorer tout ça et j’adore l'ambiance de
fête de Monaco avec la foule, les yachts dans le port, c’est
vraiment fun pour tout le monde, » souligne Gasly. « Pour
les pilotes, c’est encore plus fun si nous avons un bon résultat le
dimanche. »
Il n'y a pas que le strass et les paillettes qui rendent
l'atmosphère de Monaco unique : « Même quand l’action en
piste s’arrête, le week-end reste complètement différent, »
souligne Carlos Sainz. « Par exemple, nous prendrons un
scooter pour aller de l’hôtel au paddock. C’est
cool ! »
Pour de nombreux pilotes, c’est une véritable course à domicile
: « En fait, je vis sur le circuit et je vois la piste
depuis mon appartement, » révèle Brendon Hartley. Nico
Hülkenberg vit aussi à Monaco : « C’est agréable par rapport à
notre routine habituelle. C’est un peu étrange de rentrer à la
maison tous les soirs ou encore entre les séances, mais j’apprécie
le fait que cela me mette davantage à l’aise. Et j’aime bien
prendre mon scooter ou mon vélo pour me promener autour du
circuit. »


