Histoire les luttes à trois sur la dernière course

1986
La saison 1986 est celle qui se rapproche le plus de la campagne
2007. Cette année là, Nigel Mansell, Nelson Piquet, Alain Prost, et
Ayrton Senna, eux aussi surnommés « la bande des quatre », se
battent pour le titre. Les deux premiers roulent pour Williams, qui
dispose de la monoplace la plus rapide. Le moteur Honda confère aux
FW11 un net avantage sur la concurrence. Mais Alain Prost résiste
tout au long de la saison, avec notamment une impressionnante
victoire à Monaco. Sa McLaren est fiable, et il limite la casse
lorsque les Williams sont intouchables, au coeur de l’été. Enfin,
Ayrton Senna veut être titré après avoir goutté pour la première
fois aux joies de la victoire en 1985. Au soir de Détroit, après
sept courses, c’est le Brésilien qui mène le championnat. Il a
signé deux superbes succès, à Jerez, quatorze millièmes devant
Nigel Mansell, et à Détroit, malgré une crevaison en début de
course. Mais la série s’arrête là : il abandonne cinq fois sur les
neuf dernières courses de la saison, si bien qu’il ne reste que
trois pilotes encore en lice pour la couronne en arrivant à
Adélaïde, pour la dernière course de l’année.
Nigel Mansell a pris la tête du championnat au début de l’été. Son
avance s’est effritée sur la dernière partie de la saison, et il
aborde le Grand Prix d’Australie avec six points d’avance sur Alain
Prost, et sept sur Nelson Piquet. Parti en pole position, l’Anglais
gère sa course : à vingt tours de l’arrivée, il est virtuellement
champion, à la troisième place. Il est devancé par Keke Rosberg,
étincelant pour sa dernière course en F1, et Nelson Piquet. Alain
Prost est quatrième : il a perdu beaucoup de temps en passant par
les stands, craignant que ses pneus ne soient trop endommagés.
Et le Français avait raison de s’inquiéter : dans le 62ème des 82
tours de course, son équipier Keke Rosberg abandonne, pneu arrière
droit crevé. Dans le tour suivant, deuxième coup de théâtre : Nigel
Mansell voit son pneu arrière gauche éclater en pleine ligne
droite, juste après avoir été dépassé par Alain Prost. Il doit se
retirer à son tour, et il laisse Nelson Piquet et Alain Prost se
disputer le titre qu’on lui promettait. A ce moment, Piquet mène,
et c’est lui qui est en passe de remporter le titre. Mais le duel
sera de courte durée : Williams finit par convaincre le Brésilien
de passer par les stands, pour changer de pneus et éviter une
nouvelle crevaison. Prost se retrouve en tête de cette course
folle. Alors qu’il n’y croyait plus après ses déboires du début de
course, il remporte son deuxième titre mondial, au bord de la panne
d’essence.
1983
En arrivant à Kyalami, pour la dernière course de la saison 1983,
c’est Alain Prost qui mène. Le Français occupe la première place du
championnat depuis le Grand Prix de Belgique, avant la mi-saison.
Mais après un abandon à Monza, sur une casse moteur, et une
deuxième place à Brands Hatch derrière la Brabham Nelson Piquet, il
n’a plus que deux points d’avance sur le Brésilien. Les deux hommes
se sont accrochés à Zandvoort, ce qui a permis à René Arnoux de
conserver une petite chance de décrocher le titre. Il a huit points
de retard sur son compatriote.
Mais ce Grand Prix d’Afrique du Sud ne sourit pas aux deux Français
: René Arnoux est victime d’une casse de son V6 Ferrari dans le
9ème tour. Alain Prost rencontre un problème similaire après la
mi-course, et Nelson Piquet s’assure du titre avec une troisième
place. La relation entre Prost et Renault, devenue très tendue, se
termine sur cette désillusion.
1981
Nelson Piquet avait déjà été impliqué dans une lutte à trois en
1981, avec Carlos Reutemann et Jacques Laffite. Avant la dernière
course, Reutemann occupe la première place : le pilote Williams a
fait la course en tête depuis la deuxième course de la saison. Mais
son avance s’est étiolée, avec des soucis mécaniques et un accident
au Pays-Bas. Il n’a donc plus qu’un point d’avance sur Piquet, plus
régulier avec sa Brabham, avant de se rendre à Las Vegas, où la
saison prend fin. Avec Sa Ligier, Jacques Laffite est à six points
: grâce sa victoire de Montréal, où se déroulait l’avant-dernière
course de la saison, il s’est relancé, mais ses chances restent
faibles.
Qualifié à la douzième place sur le parking du Caesar’s Palace,
Laffite est condamné à l’exploit. Auteur d’une belle remontée, il
prend une sixième place qui ne sera pas suffisante. Le titre se
joue entre Piquet et Reutemann. Ce dernier part en pole, mais il
perd plusieurs positions dès le départ. Il en perdra encore en fin
de course, se plaignant de problèmes de boîte de vitesses, et il ne
prend que la huitième place. Nelson Piquet souffre également :
épuisé, il est seulement cinquième à l’arrivée, mais il marque les
deux points suffisants pour passer devant son rival au championnat.
Cette fois également, c’est celui qui arrivait à la deuxième place
qui est titré.
1974
Emerson Fitipaldi mène durant la première partie du championnat,
mais sa McLaren va manquer de fiabilité au cours de l’été, avec
deux casses moteur, en France et en Autriche, et un problème de
suspension en Allemagne. Les Ferrari sont de retour au premier
plan, avec un nouveau directeur sportif, Luca di Montezemolo. Pour
cette saison, la Scuderia a fait appel au jeune Niki Lauda, mais
c’est Clay Regazzoni qui se battra jusqu’au bout pour le titre.
Alors en tête du championnat, le Suisse perd une occasion de se
rapprocher du sacre à Monza, en abandonnant alors qu’il menait
largement la course. Fittipaldi comble son retard avec une victoire
au Canada. Regazzoni et Fittipaldi se rendent à Watkins Glen, pour
la dernière manche du championnat à égalité de points. Jody
Scheckter, sept points derrière eux, conserve un mince espoir
d’être titré, grâce à la régularité de sa Tyrrell.
La course débute dans une ambiance lourde, le jeune Helmuth Koinigg
trouvant la mort dans un accident, dans le dixième tour. La lutte
pour le titre ne durera pas longtemps : Clay Regazzoni rencontre
des problèmes dès le début de la course, avec des vibrations sur sa
Ferrari. Ses amortisseurs lui font défaut, et il ne pourra pas
faire mieux qu’une onzième place, à quatre tours du vainqueur,
Carlos Reutemann. De son côté, Jody Scheckter fait de son mieux, en
devançant Emerson Fittipaldi pendant le plus clair de la course,
mais c’est insuffisant. Une surchauffe de son moteur met fin à ses
espoirs, et avec la quatrième place, Emerson Fittipaldi remporte
son deuxième titre, le premier de McLaren. Le Brésilien était
devenu en 1972 le plus jeune champion de l’histoire. Alonso a battu
ce record en 2005 et cette saison, Hamilton espère faire encore
mieux, à 22 ans seulement.
1968
La saison 1968 est marquante à plus d’un terme. La F1 passe un cap,
avec l’arrivée des premiers sponsors et des premiers ailerons sur
les voitures, sur les Lotus. Après le décès de Jim Clark, l’équipe
de Colin Chapman peut compter sur Graham Hill, devenu leader de
fait. Le Britannique occupe la tête du championnat toute l’année,
malgré plusieurs abandons au coeur de l’été, avec des problèmes de
demi arbre. Si bien qu’avant Mexico, où se dispute la dernière
manche du championnat, il n’a que trois points d’avance sur Jackie
Stewart, qui a manqué quelques courses en début d’année à cause
d’une blessure au poignet, mais qui a ensuite bénéficié d’une
Tyrrell-Matra très performante. Denny Hulme, le champion en titre,
a profité d’une McLaren en progrès pour s’imposer à deux reprises
sur la fin de la saison, et avec six points de retard sur Hill, il
peut doubler la mise.
Les espoirs du Néo-Zélandais sont de courte durée pendant la
course. Il abandonne au 10ème tour, sur un problème de suspension.
Graham Hill se bat pour la victoire, et son plus grand rival est Jo
Siffert, qui sera ralenti par un problème d’accélérateur. Jackie
Stewart, alors deuxième derrière son concurrent pour le titre,
commence à perdre des places à moins de vingt tours du but. La
pompe à essence de sa Tyrrell pose problème, et il laisse Graham
Hill sur une voie royale, qui est champion pour la deuxième fois,
sept ans après son premier sacre.
1964
Jim Clark est en tête durant la première partie de la saison. Mais
des problèmes techniques, en particulier sur le moteur Climax de sa
Lotus, lui font perdre sa place. Avant le Grand Prix du Mexique, il
est à neuf points de Graham Hill, qui est passé devant. Neuf
points, c’est ce qu’offre une victoire à cette époque : en gagnant,
Clark reviendrait à égalité mais il serait titré grâce à son nombre
de victoires. Il doit espérer des problèmes sur la BRM de Hill...
mais aussi sur la Ferrari de John Surtees, champion du monde en
moto pour la dernière fois quatre ans auparavant. Ce dernier est
également un candidat au titre, à cinq points de Hill.
Surtees aborde cette dernière course dans des conditions délicates.
Ferrari n’engage plus officiellement ses voitures, suite à une
brouille entre Enzo Ferrari et la fédération. C’est donc avec une
Ferrari... bleue, alignée par le North America Racing Team, qu’il
va rouler. En début de course, le titre semble promis à Graham
Hill, alors deuxième, mais il perd du temps après avoir été
accroché par Lorenzo Bandini, l’équipier de Surtees. Il ne termine
que onzième. Jim Clark domine les débats, et il file vers le titre.
Mais un nouveau coup de théâtre survient dans le tout dernier tour
: le moteur de Clark le lâche encore, et il ne prend que la
cinquième place. Bandini laisse passer Surtees qui, avec la
deuxième place, peut s’assurer du titre au terme de cette course
folle.
1959
La saison 1959 est cruciale dans l’évolution technique des Formule
1, puisqu’elle marque le triomphe des moteurs à propulsion arrière.
Avec sa Cooper-Climax, Jack Brabham est en tête toute l’année, mais
un problème de transmission en Allemagne et un accident au Portugal
permettent à Stirling Moss d’aborder la dernière course de la
saison, à Sebring, avec de gros espoirs. Il pilote également une
Cooper, et il reste sur deux succès, qui l’ont rapproché à 4,5
points de Moss. Tony Brooks n’a vu l’arrivée que trois fois dans la
saison, mais il a signé deux victoires et une deuxième place. Il a
donc la possibilité d’être titré, en arrivant avec huit points de
retard sur Brabham. A cette époque, une victoire associée à un
meilleur tour rapporte neuf points.
Lors de cette dernière course, Moss débute de la meilleure manière
possible. Parti en pole, il mène les premiers tours devant Brabham.
Mais sa transmission le lâche, et Brabham sembler filer vers le
succès. Il ne lâche plus la tête jusqu’au dernier tour, où il
commence à ralentir, à cause d’une panne d’essence. Bruce McLaren
le double, tout comme Maurice Trintignant et... Tony Brooks. Ce
sera insuffisant pour le pilote Ferrari : en prenant la quatrième
place, Jack Brabham remporte son premier titre mondial, le premier
également pour une monoplace à moteur arrière. De son côté, le
futur fondateur de l’équipe McLaren signe sa première
victoire...
1951
Juan-Manuel Fangio domine la saison 1951. L’Argentin passe la plus
grande partie de l’année en tête du championnat, et il peut même
être titré dès l’avant dernière course, à Monza. Mais le moteur de
son Alfa Roméo casse, ce qui permet à Alberto Ascari et à José
Froilán González de réaliser le premier doublé de l’histoire de
Ferrari. Ascari revient à deux points de Fangio, González à
six.
La dernière course course de l’année, à Pedralbes, se joue à la
stratégie : Fangio part avec des roues plus petites que les
Ferrari, et il a fait le bon choix : il prend rapidement la tête à
Ascari, qui doit passer par les stands à plusieurs reprises pour
changer de roues. Son équipier González subit le même sort. Pendant
ce temps, Fangio gère sa course, et il s’impose avec près d’une
minute d’avance sur González, tandis que Ascari termine cinquième.
C’est le premier des cinq titres de Fangio, devant Ascari et
González.
1950
Avec seulement six manches -sans compter les 500 miles
d’Indianapolis-, la première saison de l’histoire du championnat ne
pouvait être que serrée. Nino Farina mène pourtant le championnat
toute l’année, mais il est victime d’un problème de pompe à essence
à Reims, lors de l’avant dernière manche de la saison. Il se rend
donc à Monza en troisième position, avec quatre points de retard
sur Juan-Manuel Fangio, et deux sur Luigi Fagioli, qui n’a rien
gagné cette année là, mais qui a sû marquer de gros points quand il
a pu voir l’arrivée. Les trois candidats au titre roulent tous pour
Alfa Roméo.
Fangio fait figure de favori, après avoir signé la pole. Mais en
course, il est stoppé par un problème de soupape. Piero Taruffi lui
cède alors sa voiture, ce qui est permis à l’époque. Pendant ce
temps, Nino Farina caracole en tête, et il s’impose. Il s’offre le
premier titre de champion du monde de l’histoire de la F1. Liugi
Fagioli, troisième de la course, termine le championnat à la
deuxième place, devant Juan-Manuel Fangio.


