F1 - Comment Mercedes a fait les mauvais choix

Mercedes pensait qu'un arrêt anticipé ne serait pas efficace à Singapour. L'équipe explique pourquoi elle a fait les mauvais choix.
Lewis Hamilton a perdu deux places à cause de sa stratégie à
Marina Bay. Il était deuxième en début de course, derrière Charles
Leclerc, et il a allongé son premier arrêt. Sebastian Vettel et Max
Verstappen, les premiers à passer aux stands parmi les leaders, ont
pu faire un undercut : ils se sont arrêtés plus tôt et ils ont
profité de leurs pneus neufs pour hausser leur rythme. Quand
Hamilton a changé de pneus, il n'a repris la piste qu'à la
quatrième place.
Mercedes pouvait aussi également tenter un undercut, pour essayer
de placer Hamilton devant Leclerc, mais l'équipe pensait que cette
stratégie ne fonctionnerait pas : « Il y a deux raisons
qui font que nous n'avons pas fait un undercut, » explique
Andrew Shovlin, le responsable de l'ingénieur de Mercedes, dans une
vidéo publiée par l'équipe. « D'abord, plusieurs voitures du
milieu de classement étaient encore en piste et elles se seraient
transformées en trafic pour Lewis, avec des pneus neufs. Donc il
aurait eu le champ libre pendant quelques tours, deux ou trois ou
maximum, mais il serait tombé dans ce trafic et nous ne sommes pas
sûrs que nous aurions pu les doubler. Donc ce n'était pas comme si
la piste était libre. »
« L'autre question était l'état des pneus de Leclerc. Il
roulait très, très lentement et nous pensions que ses pneus avaient
encore un gros potentiel. En fait, ils se sont dégradés très vite,
presque dès qu'il a commencé à attaqué et si nous l'avions su, cela
nous aurait poussé à anticiper l'arrêt. »
Mercedes a voulu faire l'opposé de Ferrari
Une fois la piste de l'undercut écartée, Mercedes pouvait se
rapprocher de la stratégie de Ferrari, en s'arrêtant juste après
Sebastian Vettel. L'équipe a vite vu que Vettel passerait devant
Hamilton et elle a donc choisi la stratégie inverse, allonger le
relais au maximum, pour profiter d'une éventuelle voiture de
sécurité et permettre au pilote d'attaquer dans le deuxième relais,
puisqu'il aurait moins tours à faire sur son deuxième train de
pneus. Cette stratégie n'a pas fonctionné et Toto Wolff, le patron
de Mercedes, estime que l'équipe s'est « plantée ».
« Après ne pas avoir fait (l'undercut), et celui de Vettel, la
fenêtre s'est refermée pour Lewis, » explique Shovlin.
« Il serait reparti derrière Vettel, donc nous allons allongé
(le relais). Il y a deux raisons. La première est qu'il y a une
forte probabilité de voiture de sécurité (à Singapour) et que si
elle était intervenue, nous en aurions bénéficié en perdant moins
de temps durant l'arrêt, et la seconde est que nous ne savions pas
si ce serait facile de faire un relais de plus de 40 tours en pneus
durs. »
« Nous nous disions qu'en décalant Lewis, en lui donnant de
bons pneus à la fin de la course, il aurait aussi une chance de
dépassement. Avec le recul, c'était clairement la mauvaise décision
mais c'est pour ces raisons qu'après avoir décidé de ne pas faire
(un relais) court, il valait mieux l'allonger autant que possible,
et nous avons usé les pneus tendres jusqu'à la corde, en essayant
de les conserver autant que possible. »
L'équipe a renoncé à d'autres options
Le deuxième relais de Lewis Hamilton a été plus court que celui
des autres leaders mais Mercedes l'a placé sur les pneus durs,
comme ses rivaux. L'équipe n'a pas envisagé d'utiliser les pneus
médiums.
« Nous avons choisi les durs et vous avez vu que presque tout
le monde l'a fait, » souligne Shovlin. « Actuellement,
les pneus durs sont en fait deux crans plus durs que les médiums.
Il y avait un type de pneus, nommé super-tendres (en 2018), entre
les deux auparavant. Donc les gommes sont assez
différentes. (Les durs) offrent moins d'adhérence mais ils
sont plus résistants et avec la durée des relais à Singapour, il
fallait vraiment prendre les durs pour faire plus de 40 tours, et
c'est pour cette raison que presque tout le monde a pris les durs à
ce stade de la course. »
Mercedes avait la possibilité de faire un deuxième arrêt, pour
bénéficier de pneus neufs. Cette stratégie a fonctionné à Budapest mais elle n'était
pas possible à Marina Bay : « Nous étions assez certains
qu'une course sans voiture de sécurité se finirait avec un
arrêt, » explique Shovlin. « Un arrêt demande une
certaine gestion (des pneus). Mais nous avions préparés à un plan à
deux arrêts, parce qu'on ne sait jamais si les pneus vont se
dégrader, et celui qui est cinquième ou sixième peut peut-être
faire cet arrêt sans vraiment perdre de position, ou une seule.
Donc nous l'avions prévu mais finalement, la course s'est plus ou
moins passée comme prévu, il y a eu ces interventions de la voiture
de sécurité à la fin, qui ont resserré le plateau et qui ont rendu
un passage à deux arrêts impossible. »


