F1 - Comment Mercedes a choisi les mauvais pneus

Des simulations incorrectes ont provoqué la stratégie de Lewis Hamilton à Monaco. Il a dû adapter son pilotage.
Lewis Hamilton s'est imposé malgré une stratégie que Mercedes
reconnaît mauvaise. Il a pris les pneus médiums pour son
deuxième relais et ils se sont très vite dégradés, alors que les
autres leaders étaient en gommes dures. James Volwves, le
responsable des stratégies de Mercedes, confirme dans une vidéo
publiée par Mercedes que les pneus jaunes étaient « clairement
moins performants » que les blancs. » Comment ce choix
a-t-il été fait ?
« Pour répondre, nous devons revenir au jeudi, » explique
l'Anglais. « Nous avons fait partie des top teams qui avaient
des médiums et des tendres pour le relais long dans la deuxième
séance (...) et ls conditions étaient un peu plus mauvaises qu'en
course, mais quand même assez représentatives pour comprendre le
fonctionnement des pneus. Dans ces relais longs en médiums, nous
avons vu qu'ils feraient la distance nécessaire quand la voiture de
sécurité est intervenue. C'est ce qui a provoqué notre
décision. »
« A Monaco, on a tendance à prendre les pneus les plus tendres
possibles pour la durée de relais qu'on a à faire. Nous savions que
ce serait difficile, nous savions qu'il aurait beaucoup de gestion
mais selon les données du jeudi, nous pensions que les pneus
médiums feraient le boulot. »
« La seconde raison est qu'il y avait une possibilité de pluie
durant la course. Si vous aviez vu notre radar météo, vous auriez
vu beaucoup de bleu se rapprocher du circuit, par l'est. Il y a eu
très peu de pluie en course mais nous pensions qu'il y en aurait un
peu plus. Pas assez pour prendre les intermédiaires mais assez pour
compliquer la situation en pneus durs, et les médiums auraient pu
un peu mieux couvrir ces conditions, parce que ce sont des gommes
un peu plus tendres. »
Des simulations incorrectes
James Volwes estime que le travail effectué le jeudi a été
« incorrect » et que la course de Hamilton aurait été
« beaucoup, beaucoup plus simple » avec les pneus durs.
Le pneu médium qui s'est dégradé plus vite que ce que prévoyaient
les simulations de Mercedes.
« En course, nous n'avons pas vraiment pu profiter de cette durée
de vie (anticipée), et l'avant gauche a vraiment commencé à se
dégrader plutôt que prévu, ce qui a rendu la situation très
compliquée, » explique-t-il. « Nous étions à la limite, je pense
que cela ne fait aucun doute, il fallait prendre les plus
durs. »
Mercedes craignait que Hamilton ne puisse plus contrôler sa
monoplace : « Les pneus étaient vraiment à la limite à la fin
de la course, surtout l'avant-gauche, » précise Vowles.
« Si la course avait fait un tour de plus, je pense vraiment
que nous aurions été en difficulté, et dans l'idéal, j'aurais aimé
que les courses fasse une vingtaine de tours de moins. »
Hamilton a changé son pilotage
Concrètement, les pneus avant de Lewis Hamilton ont développé du
graining, des morceaux de gomme qui se détachent et restent à la
surface, ce qui fait perdre en endurance. L'Anglais a dû adapter
son pilotage, pour solliciter les pneus arrières un peu plus.
« Ce qui s'est passé à l'avant n'était pas un comportement normal
sur les pneus, en fait il a commencé à se décomposer en profondeur,
beaucoup plus vite que ce qu'il se passe normalement, » détaille
James Vowles. « Cela aurait quand même été difficile pour Lewis
dans les derniers tours, mais cela aurait été acceptable. C'est
cette décomposition qui a créé le problème, et quand elle se
produit, on n'utilise plus la gomme comme il le faudrait. La
surface commence à se détacher et à disparaître très, très
rapidement. À 20 tours de l'arrivée, il était évident que Lewis
n'avait plus beaucoup de pneus à l'avant, et qu'il devait les
préserver. »
« Sur les vidéos, on peut voir qu'il devait utiliser l'axe arrière
pour faire pivoter la voiture. On le voyait, surtout au Loews
(l'épingle), faire pivoter la voiture plus agressivement sur les
pneus arrières, en utilisant plus ce qu'il restait de ces gommes
pour placer la voiture dans la bonne direction. Cela a dégradé
l'arrière, mais en fin de course, c'était possible pour avoir la
motricité nécessaire afin de contenir Verstappen. »
« La différence entre les pneus durs et les pneus médiums est que
les durs résistent mieux à cette dégradation à l'avant-gauche. Et
si on regarde les images de la course, vous pouvez voir cette
dégradation sur le pneu avant-gauche de Verstappen, mais absolument
pas dans la même proportion que sur la voiture de Lewis. »
Malgré la difficulté de la situation, Hamilton n'avait aucune intention de passer aux stands et
Mercedes ne voulait pas non plus changer ses pneus : « A
Monaco, on ne peut pas doubler, » précise Vowles. « Donc
même si nous avons préparé les pneus durs dans l'allée des stands
(...), si nous avions fait un arrêt, nous aurions été la quatrième
voiture du groupe. On ne peut pas doubler, on l'a vu avec Max
Verstappen qui a vraiment été offensif pour essayer de doubler
Lewis. »


