F1 - Comment l'aérodynamique joue sur le spectacle

Pour Alexander Wurz, les appuis aérodynamiques ne sont pas forcément synonymes de dépassements plus compliqués, sauf en F1.
Les conséquences du nouveau règlement sur les dépassements
inquiètent. Les monoplaces génèrent plus d'appuis et donc plus de
turbulences, ce qui rend plus difficile de les suivre. Pour Alexander
Wurz, ancien pilote de F1 et Président du GPDA, l'association des
pilotes, les dépassements ne sont pas forcément le plus importants
pour avoir un championnat intéressant.
« Certaines personnes disent que les dépassements sont très
importants pour que les supporters suivent la F1, » a déclaré
l'Autrichien à la BBC. « Dès le début, j'ai dit, et je crois,
que ce n'est pas la réponse. Ce n'est peut-être même pas
vrai. »
« Globalement, je crois que le plus important est la
compétition, et pas seulement entre deux équipiers mais entre
quelques équipes, et que les courses soient disputées. »
Mais pour cela, il faut que les dépassements soient possibles, et
donc que le règlement aille dans ce sens : « Je pense
qu'il est fondamental que la philosophie aérodynamique suive, pour
faire en sorte qu'être dans le sillage d'une voiture ne soit pas si
sensible, » précise Wurz. « Et c'est possible. »
Le contre-exemple de l'endurance
Pour Alexander Wurz, le problème pour suivre une voiture ne
vient pas des appuis en eux-mêmes, mais de la philosophie
aérodynamique. Après sa carrière en F1, il est revenu en endurance,
où les prototypes ont plus d'appuis mais où les dépassements sont
plus simples.
« Dans une voiture du Mans, quand on suit quelqu'un dans un
virage à 240km/h, à aucun moment on doit penser à garder ses
distances parce que cela ferait glisser sans avoir le
contrôle, » assure Wurz. « Vous le touchez presque et
votre voiture va générer autant d'adhérence que quand vous êtes
seul. Donc on peut se concentrer uniquement sur le celui qui est
devant, profiter d'un petit écart ou d'une petite erreur, afin
d'être assez proche pour essayer de doubler. »
« Dans une F1, quand on est derrière quelqu'un, on se dit
toujours "Ok, je suis très proche, donc je dois entrer dans le
virage un peu plus lentement parce que sinon je vais trop glisser à
mi-virage et à la corde, et je vais perdre trop de temps ou même
faire une erreur". A moins d'avoir des pneus plus frais ou qu'il
fasse une erreur, on ne peut pas se dire "Ok, je suis assez proche
maintenant, je vais essayer de le doubler". Et par nature, en F1 il
n'y a pas grand monde qui fait des erreurs. »
Les écarts de niveau entre les pneus devraient également être plus
faibles cette année, puisque Pirelli a promis des pneus plus durs, pour suivre les demandes des
pilotes. Cela pourrait aussi également nuire aux dépassements.
D'où vient la différence entre la F1 et l'endurance ? Sur une F1,
les appuis sont générés par l'aileron avant, qui conditionne
l'écoulement de l'air sur toute la voiture, et la rend ainsi
sensible aux perturbations d'une monoplace située devant. En
endurance, les appuis sont surtout générés sous la voiture, ce qui
n'est plus le cas en F1 depuis les années 1980.
Alors que le nouveau règlement débute à peine, un changement de
philosophie semble exclu à court terme. Les équipes les plus
puissantes pourraient aussi bloquer un changement, ce qui est
peut-être une erreur : « Si on est le meilleur avant, on
sera le meilleur après, » estime Wurz.


