F1 - Ferrari a-t-elle bien géré les consignes ?

Mattia Binotto pense que Ferrari a imposé les consignes au bon moment au Grand Prix d'Espagne. Jenson Button et Paul di Resta émettent des doutes.
Des consignes de course ont une nouvelle fois été données par Ferrari à Barcelone. Elles font une nouvelle fois débat, pas pour des questions d'équité cette fois, mais d'efficacité.
A deux reprises, les pilotes ont échangé leurs positions. Dans le premier relais, quand ils étaient tous les deux en pneus tendres, Sebastian Vettel s'est effacé devant Charles Leclerc. Ferrari arrêté Vettel en premier, pour le mettre sur des pneus médiums, avec visiblement l'objectif de faire un deuxième arrêt. Leclerc a changé de pneus plus tardivement. Il a pris les durs et à ce moment, l'objectif était de ne faire qu'un arrêt. « La décision de séparer la stratégie a été prise durant la course, » explique Mattia Binotto, le patron de la Scuderia.
Vettel était plus performant avec ses pneus médiums et Leclerc l'a laissé passé, mais après plusieurs tours. Dans chacun des deux épisodes, le pilote qui était derrière a d'abord tenté de doubler son équipier. Binotto pense que Ferrari a imposé les consignes quand il le fallait : « Echanger les positions des pilotes n'est jamais simple et nous pensons l'avoir fait au bon moment, quand nous étions sûr que celui de derrière était plus performant que celui de devant, » souligne-t-il.
Les deux pilotes ont finalement fait deux arrêts. Ferrari a voulu mettre Leclerc sur des pneus neufs sous régime de voiture de sécurité, pour qu'il ne soit pas en difficulté face aux autres pilotes à la relance de la course.
Vettel approuve les décisions de Ferrari
Sebastian Vettel pense aussi que Ferrari a pris les décisions au moment puisqu'à chaque fois, il n'était pas évident de savoir quel pilote serait le plus performant. En début de course, Vettel avait un plat sur le pneu avant-droit, après un blocage de roue au premier virage, dont il fallait évaluer les nuisances, tandis que dans le deuxième relais, plusieurs tours ont été nécessaires pour voir les performances des pilotes avec des pneus différents.
« Au début, ce n'était pas facile de voir le temps que j'allais perdre, et les performances de Charles, » a expliqué Vettel au site officiel de la F1. « Dans le deuxième relais, je ne savais pas que nous étions sur des stratégies différentes. Au final, il y a eu la voiture de sécurité, donc cela ne change rien. »
Button et di Resta ne sont pas convaincus
Jenson Button ne pense pas que Ferrari a bien géré la situation. Pour lui, la Scuderia a multiplié les erreurs, pendant tout le week-end.
« On peut énumérer toutes leurs erreurs ce week-end, et ce qui est étonnant, c'est qu'il y en a pas mal, » a déclaré le champion du monde 2009 à Sky Sports F1, pour qui il est consultant. Button pense que Vettel a fait « ce qu'il fallait » en prenant un risque au départ mais il s'étonne de la stratégie : « Les soucis dans deux arrêts (à l'arrière-gauche), et mettre trois ou quatre tours à décider qui doit être devant, ce sont des choses qui font perdre des victoires, évidemment, » estime-t-il.
Paul di Resta pense aussi que Ferrari a mal géré la situation et il évoque un possible souci de communication en interne, entre les ingénieurs.
« J'écoutais les radios des équipes et pour moi, le plus important est que les ingénieurs disaient des choses différentes aux pilotes, » a déclaré l'ancien pilote Force India et Williams à Sky Sports F1. « L'ingénieur de Sebastian savait qu'ils étaient sur une stratégie différente, l'ingénieur de Leclerc pensaient qu'ils étaient sur la même stratégie. C'est de là que la confusion est venue, et c'est le domaine où Mercedes les domine actuellement. Ils ne sont pas au même niveau. »
Que disent les radios ?
Dans le deuxième relais, quand Vettel était en médiums pour faire un deuxième arrêt, et Leclerc en durs pour voir l'arrivée, un message de radio laisse en effet penser que l'ingénieur de Leclerc croyait qu'ils étaient sur la même stratégie.
« Sebastian est sur le plan A, comme notre plan A, » a indiqué l'ingénieur de Leclerc à son pilote. Peu après, le discours a changé : « Laisse passer Sebastian laisse passer Sebastian, il est sur une stratégie différente. »
Comme il l'a indiqué, Vettel ignorait la situation et il a fini par poser la question : « Sommes nous sur des stratégies différentes ? » a-t-il demandé. « Oui, » a immédiatement répondu son ingénieur. Vettel n'a pas compris pourquoi il restait derrière Leclerc : « Alors on fait quoi ? » a-t-il questionné, précisant qu'il pouvait rouler plus vite que le Monégasque. Leclerc l'a laissé passé moins d'un tour plus tard.