F1 - Pourquoi l'altitude change tout à Mexico

L'altitude a une influence sur l'aérodynamique, les moteurs, le refroidissement et sur les pilotes à Mexico.
La Formule 1 sera à Mexico ce week-end, sur le circuit le plus
en altitude de la saison, 2 285m au dessus de la mer.
L'altitude réduit la densité de l'air et par rapport au niveau de
la mer, la perte est d'environ 25% à Mexico. Cette baisse de
densité a une influence sur l'aérodynamique, sur le fonctionnement
des moteurs et sur le refroidissement des différents systèmes.
L'air moins dense réduit les effets de l'aérodynamique. Les équipes
expliquent généralement qu'à Mexico, elles utilisent des ailerons
similaires à ceux de Monaco, où il faut beaucoup d'appuis, mais
qu'ils génèrent un niveau d'appuis comparable à celui vu à Monza,
où les ailerons sont débraqués. Sebastian Vettel sent cette
différence au volant.
« Rouler en altitude a évidemment une influence sur le
comportement de la voiture, » explique le quadruple champion
du monde. « Nous roulons avec le niveau d’appuis maximal sur
la voiture, mais puisque nous sommes très haut par rapport au
niveau de la mer, l’air est plus rare et dans les faits, la voiture
produit très peu d’appuis. Dans la ligne droite, je pense que
nous voyons les vitesses de pointe les plus élevées de la saison,
ce qui rend difficile de prendre les virages, parce qu’il y a peu
d’appuis sur les voitures. »
Avec ces appuis réduits, la voiture est plus glissante, ce qui a
aussi un effet sur les pneus : « La monoplace bouge beaucoup
et c’est dur de faire fonctionner les pneus, en fait c’est dur de
faire fonctionner toute la voiture et de trouver les bonnes
sensations, » explique Vettel.
Les équipes cherchent à trouver un compromis sur l’aérodynamique :
« C’est un peu un rendez-vous où il faut limiter les dégâts
sur la performance, » explique Rémi Taffin, le directeur
technique moteur de Renault. « Nous ne concevons pas la
voiture pour qu’elle réponde aux spécificités du Mexique, mais nous
nous assurons de minimiser les effets de l’altitude. Nous avons été
relativement compétitifs dans ce domaine les années
passées. »
Des conséquences multiples
L'air moins dense réduit également la quantité d'air qui arrive
dans le moteur, ce qui ne lui permet pas de tourner à pleine
puissance. Le turbo permet de compenser en partie cette perte, mais
les motoristes constatent bel et bien une différence.
« Nous savons que le moteur ne peut pas fonctionner à son
maximum et que le turbo n’est pas capable de compenser l’air moins
dense, » explique Rémi Taffin. « Nous pouvons anticiper
ce qui nous attend au Mexique sur les bancs de Viry et nous courons
là-bas depuis quelques années pour connaître ce que l’on peut
espérer de notre ensemble. Nous verrons ensuite où sont les
autres. »
L'air moins danse complique aussi le refroidissement de tous les
systèmes sur les monoplaces. Les équipes doivent augmenter les
ouvertures pour bien refroidir le moteur et les
freins. « Le refroidissement du groupe propulseur et des
freins pour s’avérer très difficile, et la plupart des équipes vont
consacrer du temps à évaluer des options dans la première
séance, » explique Dave Robson, l’ingénieur de course en chef
de Williams.
L'altitude a aussi un effet sur les organismes des pilotes. Daniil
Kvyat a surtout senti une différence quand il a découvert Mexico :
« La première année où j’y suis allé, j’ai un peu senti l’altitude,
on sent qu’on a un peu moins d’énergie les premiers jours mais
ensuite, on s’y habitue et ça va, » explique le Russe.
« Ce serait bien de faire notre entraînement en altitude, mais
nous n’avons jamais le temps parce que c’est une partie de la
saison particulièrement chargée, avec beaucoup de voyages et de
longs vols. »
Pierre Gasly estime que les pilotes peuvent facilement s'adapter
: « Le jour où on arrive, on sent qu’on est en altitude,
mais ensuite on ne le remarque plus, » explique le Normand.
« L’effet est plus important sur les voitures que pour les
pilotes. Nous pouvons nous entraîner pour ça, mais c’est plus
compliqué pour le moteur, le refroidissement des freins et il y a
moins d’appuis, donc la voiture le subit plus que nous. »
Un tracé technique
Nico Hülkenberg qualifie le Mexico de « petit circuit
piégeux », notamment en raison du manque d’appuis
aérodynamique, qui a une influence sur le pilotage.
« Nous sommes (...) rapides dans les lignes droites, puis la
monoplace semble avoir beaucoup moins d’adhérence au
freinage, » explique le pilote Renault. « Ce sont des
sensations uniques auxquelles il faut s’habituer. C’est un tracé
technique et loin d’être simple. »
Le tour débute avec l’une des lignes droites les plus longues de la
saison : « En course, je pense que nous atteignons les vitesses les
plus élevées de l’année, » souligne Gasly. Les virages sont assez
lents dans le premier secteur et au début du deuxième, avant une
section qui voit un enchaînement de virages rapides
: « C’est assez lent, avec beaucoup de virages lents,
puis on a la partie des Esses au milieu de la piste, ma préférée,
parce que plus ça va vite, plus j’aime, » explique Gasly.
« En course, cela peut être assez mouvementé, surtout au
premier virage, où on peut se battre avec les autres
voitures. »
A la fin du circuit, les pilotes passent au milieu d’un ancien
stade de baseball, où la foule est présente : « Le stade
procure une belle expérience, peu de circuits ont quelque chose de
ce genre, » souligne Hülkenberg. « On peut entendre et
ressentir le bruit. Les fans soutiennent tout le monde là-bas et
c’est vraiment génial à voir. » Son équipier aime cette
portion : « J’adore la section au cœur du stade, » précise Daniel
Ricciardo. « Elle est un peu lente, mais vraiment unique
avec la foule qui nous entoure de tous les côtés. C’est surréaliste
d’y être ! »


