Interview avec Sébastien Bourdais

Publié le 6 mai 2010 à 19:28
Mis à jour le 20 novembre 2020 à 20:28

Il a beaucoup plu aujourd’hui à Spa-Francorchamps. En course, est-ce que ce serait un avantage ou un inconvénient ?
Pour apprendre des choses ça peut être bien parce qu'on a relativement peu de données sur les nouveaux pneus pluie, qui sont là depuis 2009, mais qui sont très différents de ceux qu'on a pu expérimenter en 2007 et 2008. Donc si on peut avoir des conditions mouillées ce ne sera pas forcément inintéressant !
Ce sera votre première course avec l'équipage des 24 Heures du Mans, aux côtés de Simon Pagenaud et Pedro Lamy. Est-ce qu'il y a encore des ajustements à faire ?
C'est la première course qu'on va faire ensemble, ça va être une première expérience et il va falloir apprendre rapidement à se connaître. On a fait quelques séances d'essais ensemble mais c'est vrai que c'est la première course qu'on va faire tous les trois dans la configuration Le Mans, donc il y a pas mal de choses à comprendre.
Au niveau de la Peugeot 908, est-il possible d’améliorer des choses ou est-elle en bout de cycle ?
Il y a toujours des choses à améliorer mais là on est dans une période de validation, de fin de fiabilisation. Vu que c'est la quatrième année avec la 908, le développement a pris fin et tous les efforts de développement sont sur la nouvelle auto.
Craignez-vous qu'Audi ait une plus grande marge de progrès sur la R15 Plus ?
De progrès non, parce que maintenant les voitures vont être figées pour Le Mans, c'est terminé, mais c'est sûr que s'ils ont complètement redessiné la voiture et qu'ils ne sont pas devant nous, ils ont du souci à se faire. Si on avait refait une voiture l'année dernière, je pense qu'on aurait gagné en performances. C'est une voiture qui a plus de quatre ans d'âge donc dans les technologies et dans le développement, on n'est plus au goût du jour.
Pour le Mans, on sait que l'objectif est la victoire. Vous aviez parlé de "lourd fardeau" après avoir perdu la tête l'an dernier. Est-ce qu'il y a un esprit de revanche ?
C'est sûr que l'année dernière c'était une grosse déception parce qu'on était l'équipage le plus homogène et probablement la voiture la plus rapide. On avait presque un tour d'avance et on a perdu trois tours sur un problème mécanique. On a repris un tour et la course s'est arrêtée là parce qu'il ne fallait pas ruiner le résultat pour l'équipe. Il fallait stopper les débats, entre guillemets. C'est clair que c'était difficile d'être du mauvais côté de la barrière et de finir deuxième dans ces conditions.
Cette fois les cartes seront différentes, l'opposition sera très différente. Au niveau des performances, ils [Audi] seront au moins aussi bons que nous et peut-être un peu mieux, donc il faudra se battre et je ne pense pas qu'on aura le luxe de faire seulement une “demi-course” cette année.
Ce pourrait donc être une sorte de remake inversé de 2008, avec une voiture jeune chez Audi et de l'expérience chez Peugeot ?
La situation est clairement comme ça. On arrive avec une voiture qu'on espère complètement fiabilisée. C'est clair qu'on a une grosse expérience sur la 908. Je pense qu'on aura un déficit de performances, ce qui semble le plus logique même si ça reste encore à vérifier. Donc il faudra faire la course sans faute pour gagner cette année.
Plus aucun Français n'a gagné depuis 1999. Est-ce que vous avez à cœur de mettre fin à cette série ?
Le plus important c'est de la gagner, après peu importe ! Ce serait sympa de remettre un Français sur le palmarès des 24 Heures mais c'est un objectif pour tout pilote, quelle que soit sa nationalité.
A Sebring, Olivier Quesnel a dit que votre environnement n'était pas serein chez Toro Rosso l'an dernier. Est-ce que c'est mieux de n'avoir que Le Mans comme objectif cette année ?
Ce qui est mieux, c'est que c'est mon programme principal donc ça me permet d'être en charge de la N°3, donc je suis beaucoup plus au fait de ce qui se passe et mieux intégré dans le programme. L'an dernier, j'étais là pour une pige donc ce ne sont pas les mêmes circonstances. Là, c'est sûr que ça sera différent et j'espère que la réussite sera de notre côté.
A propos de la F1, est-ce qu'il y a eu des contacts sérieux avec des équipes depuis que vous n'êtes plus chez Toro Rosso ?
Nicolas [Todt, son manager] est toujours là si quelque chose se proposait, mais une sortie comme la mienne l'an dernier, en cours de saison, ça laisse quand même des grosses traces. Donc non, il n'y a pas eu d'intérêt de la part des uns ou des autres.
Moi, j'ai fini de courir après, c'est clair. J'ai eu mon expérience, ça aurait pu être très bien, ça avait bien démarré, ça c'est très mal fini. Maintenant, j'ai 31 ans, si quelqu'un me propose quelque chose d'intéressant je ne dis pas que je dirai non, mais j'ai fini de poursuivre ça comme dans les années précédentes.
Vous êtes également en Superleague et vous avez gagné une course à Silverstone. Est-ce que vous visez le titre ?
Le titre, je ne sais pas. On est en tout début de vie, à la base l'équipe propose des expériences F1 donc on est très loin d'une équipe de course. On a réussi à trouver un ingénieur expérimenté donc on va de plus en plus ressembler à une équipe.
A Assen, ce ne sera que le deuxième week-end de course pour tout le monde et le premier week-end où on travaillera vraiment tous ensemble. L'équipe n'a vraiment aucune expérience de la voiture et de la série, donc c'est relativement difficile.
Malgré tout, le fait qu'on ait réussi à avoir de bonnes performances sur le sec - j'ai fait le meilleur temps sur le sec à Silverstone pour le premier run représentatif en pneus neufs - et qu'on en gagne une sur les deux en ayant fait le meilleur tour, ça laisse de bonnes possibilités.
Je pense que ça va être difficile d'être constant sur tout le championnat mais c'est clair qu'on va tout faire pour essayer de figurer à l'avant et essayer de gagner le championnat, même si on est des outsiders sur le papier. On a réussi à décrocher la première victoire de l'Olympique Lyonnais dès le premier week-end, ce qui était inespéré, donc maintenant il faut assumer ! On s'est mis devant donc il faut essayer de récidiver.
A Assen, le but sera de gagner ?
Il y a beaucoup de points à prendre tous les week-ends donc il faut être constant, il ne faut pas faire d'erreur. Il faut essayer de finir toutes les courses et d'être là, de ne pas prendre de risques inconsidérés, d'avoir une voiture constante pour s'exprimer sur toute la durée du championnat.

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