Ron Dennis revient sur toute l’affaire
Suite à la décision de Max Mosley de faire appel de la décision
du Conseil Mondial, Ron Dennis a souhaité s'exprimer. Dans une
longue lettre (5 pages) adressée à Luigi Macaluso, le patron de la
fédération italienne de l'automobile, il revient en détail sur
toute l'affaire Coughlan/Stepney... et il n'est pas tendre. C'est
en effet suite à la lettre de Macaluso que Mosley a fait appel.
Ron Dennis accuse Ferrari d'avoir utilisé une voiture illégale en
Australie, et défend son équipe. Il affirme qu'il a sû que Nigel
Stepney a contacté Mike Coughlan pour parler de l'illégalité de la
F2007, mais qu'il ignorait tout de ce qu'ils ont fait ensuite, avec
le fameux dossier de 780 pages. Il souligne que les deux ingénieurs
ont voulu rejoindre Honda, et il reproche à la Scuderia d'avoir
tenté de nuire à l'image de McLaren avec cette affaire. A qui
profite le crime ?
Dans sa lettre, Ron Dennis revient sur l'affaire depuis ses débuts:
Nigel Stepney a prévenu Mike Coughlan que la Scuderia avait un
système douteux sur son fond plat au mois de mars, et McLaren a
ensuite demandé une clarification à la FIA. L'équipe anglaise a
donc profité de la dénonciation de Stepney, et Dennis le
confirme.
"Ferrari a fait rouler ses voitures avec ce système illégal au
Grand Prix d'Australie, qu'ils ont remporté," explique Dennis dans
sa lettre. "Dans l'intérêt du sport, McLaren a choisi de ne pas
contester le résultat du Grand Prix d'Australie même s'il semble
évident que Ferrari avait un avantage illégal."
Sur ce point, Dennis défend même ce que Stepney a fait: "Il est
dans l'interêt de la Formule 1 d'encourager les dénonciateurs, et
de ne pas les décourager." Pour le patron de McLaren, c'est très
clair: Ferrari trichait, et seule la clarification demandée par son
équipe a empêché la Scuderia de continuer à le faire.
Dans sa lettre, Ron Dennis précise qu'il savait que Nigel Stepney
avait renseigné Mike Coughlan à ce sujet, puisque ce dernier s'est
référé à ses patrons. Mais il a ensuite été demandé à Coughlan de
cesser tout contact avec Stepney. Ce que Coughlan n'a pas fait,
mais d'après Dennis, cela n'implique pas McLaren...
Le 28 avril, Coughlan a été envoyé à Barcelone, pour demander à
Stepney de ne plus lui envoyer d'informations. "Avant le
rendez-vous du samedi 28 April 2007, au début du mois d'avril, M
Coughlan a dit à M Neale que malgré ses efforts pour rompre les
contacts, M Stepney continuait de lui faire part de ses griefs
envers Ferrari," explique Dennis. "Mr Neale a fait installer un
“firewall” sur le système informatique de McLaren pour stopper les
e-mails de M Stepney."
Lors de leur réunion du 28 avril, au lieu de rompre contact,
Stepney et Coughlan ont commis l'irréparable... L'anglais est
reparti avec un dossier de 780 pages, mais McLaren n'était pas dans
le coup. "Seul M Coughlan et M Stepney savent vraiment ce qui s'est
passé lors de cette rencontre," note Dennis. "En ce qui concerne
McLaren, lorsque M Coughlan a repris le travail, il a dit à M Neale
que son rendez-vous avec M Stepney avait répondu à nos attentes, et
qu'il pensait que M Stepney ne le contacterait plus."
Il affirme que McLaren n'a plus entendu parler de Nigel Stepney
jusqu'au 3 juillet, lorsque l'affaire a éclaté: c'est ce jour que
des CD contenait des données ont été retrouvé chez Mike Coughlan...
"Je pointe le doigt sur le fait que ces documents ont été trouvés
au domicile de M Coughlan," insiste Dennis. "Aucun document de
Ferrari n'a été trouvé dans les bureaux de McLaren."
Dennis sépare donc deux faits: la révélation de l'illégalité du
fond plat de Ferrari, ce que McLaren savait, et la transmission de
documents, que l'équipe anglaise ignorait totalement. Il accuse
Ferrari d'avoir voulu mélanger ses deux affaires, pour nuire à
McLaren.
"Ferrari a allégué, sans la moindre justification, que d'autres
membres de McLaren savaient que ce que M Coughlan avait fait, et
que McLaren avait utilisé les documents," accuse Dennis. "Ferrari
n'a pas de preuve de ces attaques, et ces allégations n'ont pas été
prouvées devant le Conseil Mondial du Sport Automobile. Le Conseil
les a logiquement rejeté."
Dans sa lettre, Ron Dennis insiste longuement sur le fait que
Coughlan n'a pas utilisé les documents qu'il avait à l'usine de
McLaren, et il affirme qu'aucun membre n'était au courant: Taylor
aurait seulement vu un diagramme, sans savoir de quoi il
s'agissait, et il n'y a pas prêté attention.
Les informations n'auraient donc pas aidé McLaren... alors à qui
devaient-elles parvenir ? Ron Dennis soulève le fait que Coughlan
et Stepney ont rencontré Nick Fry, dans le but de rejoindre Honda.
Projetaient-ils d'utiliser ces données avec l'équipe japonaise ?
Fry a affirmé n'avoir vu aucun document, ce qui est très
probablement vrai, mais s'il les avait engagé, on peut se douter de
ce qui se serait passer.
"Même si McLaren ne peut pas connaitre les motivations exactes de M
Coughlan (et de M Stepney), ce que McLaren sait, c'est que quelques
jours après le 28 avril (le 2 mai), M Stepney a contacté Honda et
commencé une procédure qui aurait pu lui permettre, ainsi qu'à Mike
Coughlan, de rejoindre Honda," conclut Dennis. "McLaren croit qu'il
est très probable que M Stepney ait fourni les documents à M
Coughlan dans le but de rejoindre une autre équpe."
On a très peu parlé de l'implication de Honda dans cette affaire.
L'équipe japonaise n'était même pas invitée par la FIA lors de la
réunion du Conseil Mondial, a semaine dernière ! Honda n'a
probablement rien à se reprocher, mais Stepney et Coughlan
projettaient très probablement de travailler ensemble, et leur
entretien avec les dirigeants de Honda laisse évidemment penser que
c'est cette équipe qui les interessait.
Mais leurs manoeuvres sont devenues publiques, ce qui a mis fin à
leurs carrières. S'il faut en croire Dennis, ils ont réussi, à eux
seuls, à semer le trouble sur toute la Formule 1...


