Enquête : comment les constructeurs automobiles font leur marché en F1

Publié le 23 août 2024 à 12:00
Mis à jour le 23 août 2024 à 14:25
Enquête : comment les constructeurs automobiles font leur marché en F1

Le fait que les grands constructeurs automobiles s’intéressent enfin aux Grands Prix et cherchent à investir, est une excellente nouvelle et un signe de bonne santé pour la Formule 1.

Nous savons que Volkswagen entrera en Formule 1 avec Audi en 2026 et General Motors (GM) annonce la même chose en 2028, bien que l’équipe Andretti n’ait toujours pas réussi à obtenir le précieux sésame. GM semble également vouloir racheter une équipe existante, mais le hic, c’est qu’il n’y en a qu’une seule à vendre sur les 10 existantes.
Certains prétendent que Renault vendra son équipe si quelqu’un est prêt à en payer le prix en 2026. Cette même année, nous aurons par exemple la combinaison Aston Martin-Honda un peu étrange, assez difficile à comprendre. Le fait est que les constructeurs veulent donner l’impression qu’ils construisent les moteurs de F1 du futur, au risque de brouiller leur stratégie de marque.
Si les constructeurs veulent acheter des équipes, ils le peuvent. C’est simplement une question d’argent. Tout le monde en F1 pense que la valeur des équipes va augmenter dans les années à venir, mais personne ne sait de combien. Pour en acquérir une, il faudra payer beaucoup plus que leur valeur actuelle.
Quelqu’un paierait-il 2 milliards de dollars pour acquérir une équipe de F1 ? Cela peut sembler être déraisonnable, mais dans cinq ans, un tel accord pourrait être considéré comme très intelligent… Impossible à prédire.
Il y a quelques années, par exemple, peu de gens auraient imaginé que des équipes de football américain changeraient de main pour 6 milliards de dollars, soit le prix de la vente l’année dernière des Washington Commanders. Cela faisait suite à la vente des Denver Broncos en 2022 pour 4,65 milliards de dollars.
Certains observateurs de la NFL pensent actuellement que les Cowboys de Dallas valent 9 milliards de dollars. En toute logique, les équipes de Formule 1 pourraient valoir des sommes considérables car elles ne sont que 10 (contre 32 équipes en NFL) pour un vaste marché mondial, alors que les équipes de NFL n’opèrent réellement qu’aux États-Unis.

Hyundai s’y met aussi

Même si les équipes ne changent pas de main actuellement, leur valeur augmente de mois en mois et les entreprises qui ne peuvent pas en acheter des parts pour l’instant, forment des alliances dans l’espoir qu’un partenariat pourrait déboucher sur des prises de participation.
La Ford Motor Company a déjà annoncé qu’elle allait s’allier avec Red Bull Powertrains et Toyota est en train de conclure un accord avec Haas, afin de fournir à la petite équipe américaine les ressources nécessaires pour devenir une grande équipe. Il faudra voir comment tout cela se passera, mais il y a aussi eu des rumeurs selon lesquelles Hyundai voudrait s’impliquer.
Dans quelques années, la F1 pourrait compter cinq des sept premiers constructeurs (en termes de ventes), sans compter Hyundai. Pourquoi un tel élan ? Eh bien, c’est en partie dû au fait que la F1 est de plus en plus populaire dans le monde, et que l’engouement continuera probablement à croître pendant encore quelques années.
C’est le fruit du travail effectué par Liberty Media depuis que la société a acquis les droits commerciaux du sport en 2016. L’impact de la série Netflix Drive to Survive constituant une grande partie de ce succès. La prochaine étape sera le film F1, qui devrait sortir en salle à l’été 2025, avec Brad Pitt. Les producteurs ont eu pour objectif de créer une œuvre qui plaise aux fans, mais attire également des novices.
L’autre raison pour laquelle les constructeurs s’impliquent en Formule 1 tient au fait que sa réglementation va les aider à vendre plus de voitures. Comment ? En faisant la promotion… des moteurs hybrides. Car malgré l’engagement frénétique des groupes automobiles dans la technologie des voitures électriques au cours des 10 dernières années, c’est toujours le marché qui décide ce que l’industrie doit faire.
Et l’on ne peut pas forcer les gens à acheter ce dont ils ne veulent pas. En réalité, le monde n’est pas prêt pour les voitures entièrement électriques, et les constructeurs font marche arrière sur ce plan, en annonçant de nouveaux hybrides et en investissant dans la recherche et le développement des moteurs traditionnels.

Un moteur hybride bienvenu…

Récemment, Volkswagen a annoncé 60 milliards d’euros d’investissement dans le développement de moteurs à combustion, ce qui constitue une volte-face considérable pour une entreprise qui parlait d’être entièrement électrique d’ici 10 ans. Après cette annonce, Arno Antlitz, directeur financier du groupe Volkswagen, a expliqué que « l’avenir est électrique, mais le passé n’est pas encore terminé ».
Or en 2026, la Formule 1 va s’inscrire dans cette tendance en mettant en place des moteurs hybrides hyper-efficaces avec des carburants synthétiques qui semblent être la meilleure option jusqu’à ce que le monde soit prêt à passer à une « mobilité » entièrement électrique.
Personne ne conteste que les voitures électriques constituent l’avenir, mais à très long terme seulement. Les gouvernements ont beau avoir adopté des lois pour inciter à acheter des voitures électriques, ils n’ont pas encore trouvé comment y parvenir, à moins de construire beaucoup plus de centrales nucléaires pour produire l’électricité réclamée par cette révolution.

Retrouvez notre enquête sur l'implication grandissante des constructeurs automobiles en F1 dans le Sport Auto n°751 du 26/07/2024. 

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