F1 - Comment Red Bull s'adapte à un circuit

Red Bull suit un programme précis pour régler sa monoplace sur un week-end de course. Guillaume Rocquelin, responsable de l'ingénierie, détaille chaque étape.
Lors de chaque Grand Prix, les équipes suivent un programme de
travail pour exploiter au mieux leur monoplace et trouver les bons
réglages. Chacune a sa propre routine, avec des procédures
claires.
« Trouver la performance sur un week-end de course débute bien
avant que nous arrivons, avec une base établie selon les
informations que nous avons recueillies sur les courses
précédentes, » explique Guillaume Rocquelin, le responsable de
l'ingénierie de Red Bull.
« Cela établit les objectifs de base pour le week-end. Les
réglages de base sont séparés entre entre ce que nous avons appris
l'année précédente et ce que nous avons appris plus tôt dans la
saison. »
A l'usine, l'équipe met ensuite en place un programme pour se
préparer au mieux. A ce stade, elle peut se lancer dans des
expérimentations : « Nous allons dans le simulateur avec les
deux pilotes et là nous allons prendre différentes directions,
tester des idées de développement. Nous travaillons aussi avec
Renault pour la gestion d'énergie et ce genre de choses. De cette
façon tout converge. »
Ce n'est qu'à la veille des derniers essais que tous ces éléments
sont concrètement assemblés, pour intégrer les derniers
développement, parfois prêts très tard.
« Le jeudi sur le circuit, nous réunissons tout et c'est en
fait un processus qui permet d'établir où nous sommes, quelles sont
les nouveautés et quels sont les nouveaux objectifs, » précise
Rocquelin.
Le travail est le même sur toutes les courses
Chaque équipe a sa façon de travailler mais les grandes lignes
des programmes sont similaires. La première séance sert à définir
les principaux réglages, la deuxième à travailler sur les pneus
avec des relais longs, en pensant à la course, et la troisième à
peaufiner les réglages et à améliorer la performance sur un tour,
avant les qualifications.
Ce travail est limité par les pneus: les équipes ont sept trains
des pneus les plus durs, dont un qui ne peut servir que dans la
première demi-heure, un qui ne peut servir que dans la première
séance et un qui ne peut servir que dans les deux premières
séances, et six trains des pneus les plus tendres, dont un qui ne
peut servir que dans les deux premières séances et un qui ne peut
servir qu'à partir de la Q3. Avec tant de contraintes, les équipes
restent sur un programme très précis.
« Le programme du vendredi est toujours le même parce que nous
avons toujours un nombre précis de pneus à un moment donné, »
souligne Rocquelin. « Sauf imprévu, c'est un programme assez
planifié. Nous avons un capital en termes de kilométrage et
nous nous y tenons pour ce que nous tentons de faire et nous
travaillons selon le programme de roulage, qui est décidé le
jeudi. »
« Vu que nous sommes assez limités sur la façon dont nous
pouvons travailler dans ces séances, ça devient un processus assez
simple, ça marche ou pas et on va de l'avant. Ce sont des étapes
très limitées. »
A l'usine, des ingénieurs prennent le relais, avec des outils plus
puissants : « C'est là que le travail à l'usine devient plus
important, avec un flux constant d'informations et de mises à jour
qui arrive de là, » confirme Rocquelin.
Savoir bien résoudre les problèmes
Les équipes doivent savoir faire évoluer les réglages sans
tomber dans une précipitation qui serait néfaste, puisque les
conditions de piste peuvent évoluer. Il est nécessaire de chercher
les causes profondes d'un problème.
« Tout le monde a une façon différente de travailler, pour moi
il faut être capable de construire quelque chose en utilisant les
outils à notre disposition, » précise Rocquelin. « Vous
avez de bonnes journées et de mauvaises journées, mais se contenter
de réagir et de faire quelque chose sur le problème, qui pourrait
marcher, est une approche à très court terme. Ca ne va pas vous
amener où vous le voulez. »
« Il faut avoir une approche systémique : nous tentons ça
et ça ne marche pas, la prochaine fois nous tenterons ça. Au final
on commence à voir des tendances se dessiner et il faut affiner son
approche. »
Jusqu'à l'an dernier, Guillaume Rocquelin était l'ingénieur de
course de Sebastian Vettel. Son rôle a changé cette saison,
puisqu'il gère l'ingénierie pour toute l'équipe et qu'il doit
penser à plus long terme. L'anticipation est importante dans son
nouveau poste, en planifiant les évolutions.
« Dans le travail que je fais maintenant, ça ne concerne pas
ici et maintenant. Ca ne concerne pas le prochain relais, les cinq
prochaines minutes, ce qu'on fait quand on est ingénieur de course.
Je pense plus à la prochaine séance, la prochaine
course. »
« On prend du recul et on se dit "ok, je peux voir une
tendance se développer là, comment allons nous tout
rassembler ?" C'est plus de pression, ce qui est normal, mais
c'est ce que j'aime. C'est le travail. »


