F1 - Comment Bottas a vu la victoire s'envoler

Des choix faits avant la course et la voiture de sécurité ont coûté la victoire à Valtteri Bottas à Silverstone. Mercedes décrypte la situation.
Des choix stratégiques et l'intervention de la voiture de
sécurité ont privé Valtteri Bottas de toute chance de victoire au
Grand Prix de Grande-Bretagne. Le Finlandais menait en début de
course, devant Lewis Hamilton, et ils étaient alors tous les deux
en pneus médiums. Bottas s'est arrêté avant son équipier et il a
repris les médiums, ce qui l'obligeait à faire un deuxième arrêt,
puisque le règlement impose d'utiliser deux types de pneus
différents en course.
Hamilton a changé de pneus quatre tours plus tard, durant
l'intervention de la voiture de sécurité. Puisque Bottas devait
rouler à un rythme limité en piste, Hamilton en a profité pour
reprendre la piste devant son équipier. Hamilton a quitté les
stands en pneus durs, ce qui lui donnait la possibilité de ne plus
repasser aux stands si les pneus étaient assez
endurants. Mercedes n'avait pas anticipé ce double avantage
pour Hamilton. L'intervention de la voiture de sécurité n'était pas
sous le contrôle de l'équipe et concernant la stratégie, elle
pensait qu'il était préférable de faire deux arrêts, avec deux
relais en médiums et un en durs.
« Avant la course, une stratégie à deux arrêts était vraiment
au coeur de notre plan, » explique James Vowles, le
responsable des stratégies de Mercedes, dans une vidéo publiée par
l’équipe. « Comme chez Ferrari et Red Bull. Nous savions
qu’une stratégie à un arrêt était possible, mais elle était risquée
et elle n’était pas la stratégie privilégiée. Elle était un
peu plus lente en termes de temps de course, mais la stratégie à
deux arrêts obligeait à se battre dans le trafic. Vu où nous
étions, cela signifiait qu’il fallait utiliser les pneus durs
pendant longtemps, des pneus que nous n’avions pas testés avant la
course. »
« Au 16ème tour, Red Bull avait déjà arrêté ses deux voitures
et Ferrari l’une des deux, ils avaient tous pris les médiums, sauf
Gasly, qui était en pneus durs. Avec Valtteri, nous étions vraiment
dans cette fenêtre pour deux arrêts, ses temps commençaient à peine
à se stabiliser, ils chutaient à peine et il avait assez de marge
derrière lui (pour s’arrêter sans être dans le trafic). Sur le
moment, nous pensions que pour être les plus rapides, il fallait
faire deux arrêts en utilisant les médiums, les médiums puis les
durs, comme nos rivaux. C’est pour cela que nous avons pris les
médiums, cela permettait de faire la meilleure course
possible. »
Mercedes voulait séparer les stratégies
Si Mercedes pensait que faire les deux premiers relais en
médiums était efficace, pourquoi avoir chaussé les pneus durs sur
la voiture de Lewis Hamilton ? Dimanche matin, l'équipe a
prévu de placer l'un des deux pilotes sur les durs pour le deuxième
relais. Le but était de séparer le stratégies et de faire
éventuellement basculer ce pilote sur une stratégie à un arrêt.
« Nous avions décidé dans la matinée que nous mettrions l’un
des deux voitures sur les durs, » confirme Vowles. « Il y
a plusieurs raisons derrière ça. La première est que cela permet de
faire un arrêt si des circonstances le permettent. Ensuite, un peu
comme à Bahreïn en 2014, cela permet aux deux voitures de se battre
en course. Donc, sans la voiture de sécurité, Lewis serait
ressorti derrière Valtteri en pneus durs, et je pense que cela
aurait donné une course passionnante. »
Hamilton avait allongé son premier relais mais Mercedes ne pense
pas qu'il aurait repris la piste devant Bottas sans l'intervention
de la voiture de sécurité. « Après avoir arrêté Valtteri,
nous avons laissé Lewis en piste, avec l’intention de permettre à
Lewis de compenser un peu la différence de pneus, afin de lui
donner des chances de se battre avec Valtteri pour la
victoire, » explique Vowles. « Les deux pilotes ont leurs
chances et pour Lewis, tant que ses temps étaient bons, nous avions
prévu de le laisser en piste. Nous aurions peut-être fait un ou
deux tours de plus, au maximum, sans la voiture de sécurité. Ses
temps commençaient un peu à chuter et il commençait à perdre trop
de temps par rapport à Valtteri. »
A ce moment de la course, Mercedes ne pensait visiblement pas que
Hamilton pourrait faire un seul arrêt. L'équipe pensait qu'ils
resteraient au contact en piste avant de faire tous les deux un
deuxième arrêt et que Hamilton avait une chance de prendre
l'avantage en allongeant son deuxième relais, comme il l'avait fait
pour le premier. « Il avait un petit décalage dans les
pneus, pas assez pour le doubler en piste (après le premier arrêt)
mais cela aurait pu suffire pour un course à deux arrêts, dans le
dernier relais, » explique Vowles.
Bottas était piégé
Au moment de l'intervention de la voiture de sécurité, Mercedes
aurait également pu faire le deuxième arrêt de Valtteri Bottas,
pour qu'il prenne les pneus durs et n'ait plus besoin de repasser
aux stands. L'équipe a vite renoncé à le faire. L'intervention
de la voiture de sécurité a placé Hamilton en tête et à partir de
ce moment, Mercedes a visiblement compris que Bottas ne jouerait
plus la victoire. La priorité a été de protéger sa deuxième place.
Un arrêt l'aurait fait chuter dans le classement.
« Nous n’avons pas arrêté Valtteri sous régime de voiture de
sécurité parce qu’en piste, il était derrière (Sebastian) Vettel
(avant l’intervention de la Safety Car et l'arrêt de
l'Allemand), » explique Vowles. « Les deux voitures
seraient passées aux stands, les deux voitures auraient pris les
durs et cela aurait probablement gelé la position de Valtteri
jusqu’à la fin de la course. Nous pensions qu’avec des médiums
qui avaient seulement quatre tours et une voiture très performante,
la stratégie à deux arrêts lui permettait de reprendre la deuxième
place. »
Le changement de pneus de Vettel a rendu la deuxième place à
Bottas. Il a ainsi pu creuser l'écart sur ses rivaux puis faire son
deuxième arrêt, tout en conservant la deuxième place.


