F1 - Les consignes au coeur du débat à Hockenheim

Ferrari et Mercedes ont imposé des consignes à Hockenheim. Elles avaient des buts totalement différents.
Le Grand Prix d'Allemagne a été marqué par des consignes chez
Ferrari et Mercedes, de nature différente. Un arrêt anticipé à
permis à Kimi Räikkönen de prendre l'avantage sur Sebastian Vettel,
leader en début de course. Vettel ne pouvait pas doubler son
équipier mais il se sentait ralenti et ses pneus surchauffaient.
Ferrari a finalement demandé à Räikkönen de laisser passer
l'Allemand.
A ce moment de la course, il n'était pas certain que Räikkönen
devrait faire un deuxième arrêt. « J’étais performant et
c’était à un moment de la course où dans l’idéal, je n’allais pas
m’arrêter, » a déclaré Räikkönen en conférence de presse après
l’arrivée.
Pour voir l'arrivée, il aurait dû faire un relais de 53 tours en
pneus tendres, ce qui paraissait difficile. Lewis Hamilton est le
pilote qui a fait le relais le plus long avec ses pneus, de 42
tours. Les conditions étaient différentes, puisque Hamilton devait
attaquer pour remonter et qu'il avait beaucoup de carburant, alors
que Räikkönen roulait avec une voiture allégée. Hamilton avait des
pneus très usés mais il voulait aussi prendre les ultra-tendres
avant la possible arrivée de la pluie, pour avoir plus d'adhérence
dans ces conditions.
L'arrivée de la voiture de sécurité a permis à Räikkönen de changer
de pneus et il est donc impossible de savoir si ses gommes auraient
tenu jusqu'au bout.
Après avoir doublé Räikkönen, Vettel a vite creusé l'écart. Dans
les 11 tours qui ont suivi, le quadruple champion du monde a fait
grimper l'écart à 5,''276. Räikkönen s'est même retrouvé sous la
menace de Valtteri Bottas, qui l'a doublé dans le trafic. Un tour
après l'accident de Vettel, soit deux boucles plus tard, son avance
sur Räikkönen était de 9''967.
Cette différence de rythme justifie-t-elle la consigne ? Ferrari a
très peu évoqué le sujet après l'arrivée. « Au final, cela ne
change pas grand chose, » estime Räikkönen.
Mercedes assume ses consignes
Les consignes de Mercedes ont été très différentes. Lors du
restart, Bottas a profité de ses pneus neufs pour mettre la
pression sur Lewis Hamilton, et il a failli le doubler après
l'épingle. Mercedes a très vite gelé les positions. Bottas a
respecté la consigne et après l'arrivée, il a estimé que
c'était « exactement la bonne décision ». Toto Wolff
voulait surtout préserver le doublé.
« Avec autant de choses en jeu, et après la malchance des
dernières semaines, nous avons décidé de demander à Valtteri de
conserver sa position, cela aurait été la même chose si les
voitures avaient été dans les positions inverses, parce qu’il
fallait protéger le doublé et éviter de perdre une voiture, ou les
deux » assure le patron de Mercedes Motorsport.
Il garantit que cette consigne ne fait pas de Hamilton un leader et
de Bottas un équipier : « La compétition est
importante, » a déclaré Wolff à ESPN. « Nous avons
toujours dit que dans le dernier tiers ou quart de la saison, s’il
y a une grosse différence entre les pilotes, nous pourrons prendre
ces décisions impopulaires. Mais il est bien trop tôt dans la
saison pour le faire. »
Brawn comprend les consignes
Ross Brawn a été confronté à des consignes lorsqu'il était le
directeur technique de Ferrari. Il estime que la consigne de la
Scuderia à Hockenheim était plus évidente que celle de
Mercedes.
« C’était probablement plus évident pour (...) Räikkönen de
laisser passer Vettel, qui avait des pneus neufs, mais pour Bottas,
entendre qu’il devait garder sa place et ne pas attaquer Hamilton,
qui avait des pneus plus usés, cela a peut-être été un peu plus
dur, vu qu’il ne restait que quelques tours, » estime le
responsable de la compétition de la F1 dans la newsletter du
championnat.
Brawn estime que les consignes sont naturelles dans certaines
circonstances : « Au final, les deux ont fait ce qu’on leur
demandait et ils ont joué le jeu de l’équipe, parce qu’il ne faut
pas oublier que la Formule 1 n’est pas qu’une compétition entre
pilotes, mais aussi et avant tout un sport d’équipe, »
souligne-t-il.
« Derrière les individus au volant, il y a des centaines de
personnes qui travaillent pour leur donner une voiture victorieuse,
pour fabriquer une meilleure voiture, faire un arrêt le plus vite
possible ou travailler jour et nuit pour assurer que la dernière
version d'un aileron avant arrivera à temps sur un week-end de
course. Le pilote doit ensuite décrocher le meilleur résultat
possible pour l’équipe, dans toutes les courses de la
saison. »
Les consignes ne sont jamais données à la légère : « Durant
toutes mes années sur le muret des stands, j’ai demandé à plusieurs
occasions à un pilote de faire un sacrifice, pas par désir de
favoriser son équipier, mais pour que le résultat d’ensemble soit
le meilleur possible pour l’équipe, » explique
Brawn. « Oui, avec le recul, certaines décisions
n’étaient pas utiles, mais je vous assure qu’on prend ces décisions
en se disant qu’un point peut être décisif pour gagner ou perdre un
championnat. »


