Fibre de carbone : pourquoi l'Europe veut-elle l'interdire sur les voitures ?
L'Union européenne envisagerait de faire interdire l'usage de la fibre de carbone dans la fabrication des carrosseries automobiles. Un projet qui ne manque pas de faire des remous dans l'industrie...
L'information a largement circulé cette semaine dans les médias spécialisés : l'Union européenne envisagerait de classer la fibre de carbone parmi les substances potentiellement dangereuses, à l’instar du plomb ou du mercure. Avant de se raviser face à la pression des acteurs du secteur automobile.
Interdiction de la fibre de carbone : levée de boucliers
Dans un amendement proposé dans le cadre de la révision
de la directive sur les véhicules hors d’usage (VHU), l'UE
proposait d'inclure la fibre de carbone de la liste des
substances dangereuses.
Une décision qui, en cas
d'aboutissement, aurait contraint les constructeurs automobiles à
réduire, voire éliminer, l’usage de ce matériau à partir de
l'année 2029.
Dès l’annonce du projet, les réactions
ne se sont pas fait attendre, des constructeurs comme BMW,
McLaren, Ferrari, Tesla ou Hyundai, ainsi que
l’association européenne CLEPA, exprimant
leurs vives inquiétudes.
Sur les marchés financiers, les actions des grands producteurs
asiatiques, notamment les Japonais Toray Industries,
Teijin et Mitsubishi Chemical
Group qui contrôlent ensemble 54 % du
marché mondial, ont chuté de 7 à 12
%.
Même l’aéronautique, avec Airbus en tête,
a tiré la sonnette d’alarme. Le secteur dépend
fortement de la fibre de carbone pour concevoir
les futurs avions à faible consommation, notamment ceux propulsés
par des technologies hybrides ou à hydrogène.
Face à cette pression croissante, Bruxelles aurait
finalement reculé. La fibre de carbone restera
autorisée dans la fabrication automobile au-delà de
l'échéance de 2029, selon une déclaration d'un représentant
européen relayée par nos confrères de Motor1
Italia.
Fibre de carbone : une trêve temporaire ?
Le texte initial invoquait les risques pour la santé
humaine liés aux filaments de fibre de carbone,
susceptibles de devenir aéroportés et donc dangereux en cas
d’inhalation ou de contact cutané.
Bien que prisée pour sa légèreté, sa résistance et sa rigidité, la
fibre de carbone était sur le point d’être traitée comme un
déchet problématique, en raison des difficultés
liées à son recyclage et à sa fin de vie industrielle.
Une telle décision aurait eu des conséquences profondes pour des
secteurs entiers de l’économie européenne : automobile,
aéronautique, sport de haut niveau, énergies renouvelables…
En effet, près de 20 % de la production mondiale de fibre
de carbone est destinée à l’automobile. Sa suppression
progressive menaçait directement les performances des véhicules
électriques, où l’allègement est crucial, ainsi que les
supercars, dont le châssis et les
composants misent largement sur ce matériau.
Pour autant, ce recul ne signifie pas un abandon définitif
des ambitions écologiques européennes. Les risques
sanitaires liés aux particules de fibre de carbone demeurent, tout
comme les problématiques de recyclabilité.
Bruxelles pourrait donc, dans les années à venir, imposer des normes de traitement plus strictes ou encourager le développement de fibres biosourcées ou recyclées, déjà en cours chez certains fabricants. Affaire à suivre...


