Il n'y a eu que deux courses sans pénalités sur la grille cette année, à Melbourne et à Silverstone. Ce sont généralement les dépassements de quotas d'éléments du groupe propulseur et les changements de boîtes de vitesses qui sont sanctionnés et la F1 étudie des alternatives à ces pénalités qui rendent les grilles difficiles à définir.
Dans un sondage sur F1 Fan Voice, une plateforme mise en place par le championnat pour connaître l'avis des supporters sur de multiples sujets, la F1 précise qu'après des études, il n'y a plus que deux options envisagées : maintenir le système actuel ou le remplacer par des lests sur les voitures. Les supporters sont invités à donner leur avis sur la question.
« (Le système de lests) pourrait être graduel, selon la gravité de l'infraction (par exemple 5kg pour un changement de turbo et 15kg pour un changement de moteur), » peut-on lire dans ce sondage. « Le chiffre exact serait calculé pour avoir un effet similaire aux pénalités actuelles sur les courses. »
La F1 envisage déjà les effets de cette mesure : « L'avantage est simple, toutes les voitures s'élanceraient de la position à laquelle elles se sont qualifiées, » indique le sondage de F1 Fan Voice. « Le désavantage serait que sauf si les commentateurs évoquent la pénalité en lest durant la course (comme en BTCC par exemple), le spectateur pourrait se demander pourquoi un pilote est lent. Cela pourrait également laisser penser qu'un pilote est plus lent que son équipier alors que ce n'est pas forcément le cas. »
Les systèmes de lests sont souvent utilisés en tourisme et en endurance, plus pour rapprocher les performances des voitures que pour pénaliser ponctuellement des pilotes.
Les patrons d'équipe peu convaincus
La F1 a régulièrement refusé des lests pour resserrer les performances mais ce système a plus rarement été évoqué pour des pénalités. Cinq des 10 équipes ont cependant déjà exprimé leurs doutes sur cette idée. Dans la conférence de presse de vendredi, qui réunit plusieurs patrons d'équipes, Frédéric Vasseur, team manager d'Alfa Romeo, a reconnu qu'il n'est « pas fan » de cette idée. « Je pense que ce serait encore pire pour les courses, » a ajouté le Français. « Au moins, quand on a la pénalité, on part de l'arrière, cela peut pimenter la course mais ce serait pire avec une pénalité en poids. »
Günther Steiner a exprimé les mêmes doutes. Le patron de Haas a jugé les lests « plus difficiles à expliquer aux spectateurs ». « Tout à coup, une voiture est plus lente que les autres, » a-t-il estimé. « Actuellement, je pense que cela ne marche pas trop mal, donc je préfère ça aux lests, en tous points. » Christian Horner pense que les lests « ne marchent pas dans les autres catégories. » Le patron de Red Bull a précisé que le concept « ruinerait l'intégralité du week-end, pas seulement les qualifications. »
Parmi les autres solutions possibles, le retrait de points au championnat des constructeurs semble totalement exclu. Steiner jugeait une telle idée inefficace en 2017. Cyril Abiteboul a trouvé une alternative : « Nous proposons une pénalité en temps, » a expliqué le directeur général de Renault. « Une pénalité en temps pourrait être appliquée à l'arrêt ou ajoutée à la fin de la course et cela favoriserait les duels, sans influencer la position de départ, et sans influencer les qualifications. Je ne comprends pas pourquoi cette idée n'est pas plus soutenue. »
Le Français a trouvé un renfort en Zak Brown, qui dirige McLaren : « Une pénalité en temps est assez simple à comprendre, » a-t-il indiqué. « Elle ne chamboule pas la grille, on l'applique pendant l'arrêt. La stratégie entre en jeu, quand s'arrêter, les pneus, etc, donc ce serait le plus simple. »
Le sondage sur F1 Fan Voice ne précise pas quand un système de lests pourrait être introduit. L'année 2021 semble être l'option la plus probable puisque d'importants changements sont prévus sur les monoplaces. Le règlement technique 2021 sera publié le 31 octobre mais les changements dans le règlement sportif pourront être définis plus tardivement. Seule certitude, il y aura toujours des quotas pour les éléments du groupe propulseur, et donc des pénalités pour qu'ils soient respectés. La F1 est attachée à ce concept, pour garantir une maîtrise des budgets.