L'erreur de Red Bull dans les stands, avec des pneus qui n'étaient pas prêts pour le deuxième arrêt de Daniel Ricciardo, a offert la victoire à Lewis Hamilton. Mais l'Anglais n'aurait pas pu être si bien placé sans une stratégie agressive.
Tous les pilotes, sauf lui et Pascal Wehrlein, sont passés des pneus pluie aux pneus intermédiaires quand la piste s'est asséchée. Hamilton et Wehrlein ont préféré rester en pneus pluie, afin de passer directement sur les slicks ensuite. Cela a permis à Lewis Hamilton de combler l'écart sur Daniel Ricciardo, dominateur en début d'épreuve, et même de le doubler. Sans ce choix, il n'aurait pas pu être devant l'Australien en fin de course, même avec l'erreur de Red Bull.
Pour son dernier relais, Hamilton a pris les ultra-tendres, pour un relais de 47 tours. Seul Romain Grosjean a fait un relais plus long avec ces pneus, de 48 tours. Wehrlein a aussi fait un relais de 47 tours.
Pirelli ne s'attendait pas à une telle stratégie. Ne pas passer sur les intermédiaires était un premier risque, et cela obligeait à prendre les slicks assez tôt et donc à faire un relais plus long que prévu en ultra-tendres.
« Nous nous demandions si c'était ce que Mercedes tentait de faire, rester en piste jusqu'à ce que la piste s'assèche (dans le premier relais), » a déclaré Paul Hembery, le patron de Pirelli Motorsport.
« Evidemment, c'est dur de doubler à Monaco, mais ça reposait sur ce très long relais en ultra-tendres. Mercedes a eu une approche très agressive pour sa stratégie, ça a été payant avec la victoire, et tout le crédit leur en revient. »
Un changement sur les pneus pluie a rendu le relais de Hamilton possible
Si Lewis Hamilton a pu rester en pneus pluie si longtemps, c'est en partie grâce à des changements de Pirelli. Le manufacturier a voulu réduire l'écart avec les pneus intermédiaires durant l'hiver, pour que les pilotes puissent les utiliser plus facilement. Les essais du Paul Ricard, en début d'année, ont servi à ça.
« Nous avons fait des changements sur les pneus pluie durant l'hiver, » explique Hembery. « L'idée était de réduire l'écart entre les deux composés, et il semble que dans ce cas précis ça a marché. »
« La décision de faire ces changements a suivi les commentaires des pilotes qui disaient qu'ils étaient réticents à prendre les pneus pluie, en disant que l'écart était trop gros (avec les intermédiaires) et que ça faisait perdre du temps. »
« Je ne pense pas qu'on peut dire que c'est un changement fondamental, mais c'était une certaine approche, et nous avons peut-être vu que c'était la bonne maintenant. »
Les pneus ultra-tendres ont tenu plus longtemps que prévu
Le relais long de Lewis Hamilton en ultra-tendres a également surpris Pirelli. Aucun pilote n'avait plus de 21 tours avec ces pneus pendant les essais. Le pilote Mercedes a fait plus du double, avec 47 tours.
« C'est plus que ce que tout le monde avait fait pendant les essais libres, ou que ce qu'ils disaient pouvoir faire en essais libres, » souligne Hembery. « C'est sûr qu'il les ont pris à un moment où la piste était fraiche et où elle avait quelques zones humides, ce qui a aidé à rallonger la durée de vie des pneus. Mais c'était quelques tours de plus que ce que nous avions anticipé. »
Hamilton semblait juger un tel relais possible avant la course. Il ne trouvait pas les ultra-tendres assez tendres et il les a qualifiés de « super-tendres avec de la peinture violette ». Hembery n'est pas d'accord.
« La différence au tour entre eux et les super-tendres était d'environ huit dixièmes, ce qui est ce que nous voulions, » réponds-t-il. « Ce n'est pas totalement un pneu de qualifications parce qu'il faut l'utiliser ailleurs. On pourrait faire quelque chose de totalement extrême pour Monaco, c'est certain, mais on ne pourrait pas l'utiliser à Singapour ou au Canada. Si on vise la performance pure pour Monaco, il faut produire quelque chose de très différent. »