Exclu : Découvrez les coulisses du jeu Forza 6

Direction la banlieue de Seattle et le studio Turn 10 (Microsoft), pour découvrir comment a été réalisé le 6e opus du jeu vidéo Forza, sorti en septembre 2015.

La simulation auto atteint désormais un degré de réalisme inimaginable ! Forza est devenu le spécialiste en la matière et surpasse même la référence GranTurismo. Microsoft a accepté de faire pénétrer Sport Auto dans les locaux du Studio Turn 10, en charge du développement du jeu, afin d'en découvrir les secrets de fabrication. Encore faut-il que le taxi trouve Turn 10, abrité dans un immeuble discret, sans logo apparent. Pourtant, lorsqu’on jette un œil au parking, le repère de mordus d’automobiles est démasqué : Aston Martin Vanquish, Porsche 911 GT3 et 356, Jaguar F-type R, Dodge Challenger... Et BMW M3 V8 ronflante du patron des lieux : Dan Greenawalt.
Foncez voir la vidéo de ces coulisses!

Un budget renversant

Le big boss nous accueille en toute simplicité devant un prototype de P1, décorant le hall d'entrée. "Nous avons tissé des liens étroits avec McLaren, qui nous a réservé l’exclusivité de la P1 pour Forza 5. Cela a attiré tous les constructeurs et Ford a demandé le même process avec sa GT pour Forza 6" explique Dan. Au total, Forza 6 a mobilisé 500 personnes à travers le monde durant deux ans et demi. Forcément, le budget de développement a explosé au fil de la saga, pour atteindre celui d’un long métrage... Soit des dizaines de millions d’euros. "Notre plus gros challenge a été l'intégration de la nuit et de la pluie, qui cette fois modifie le comportement". L'autre défi, technique, a été d'adopter l'énorme fréquence de 60 images par seconde. En clair, la pauvre X-Box One est sollicitée à fond pour optimiser le réalisme. "Nous avons développé une véritable relation de confiance avec les constructeurs, qui nous permet d'être impliqué dans les projets très en amont" confie Dan Greenawalt.

Les circuits

Mais l'heure tourne et une flopée de directeurs de création nous attend pour décortiquer la fabrication du jeu, qui a beaucoup évolué en dix ans. On attaque la visite par la modélisation des circuits. Le développement de chacun d’eux nécessite entre six mois pour une piste existante (comme Monza ou Hockenheim) et un an pour des circuits imaginés dans des lieux célèbres (comme Rio). Dans un premier temps, une équipe se rend sur place et collecte un maximum d’informations durant une semaine. Les photographes s’en donnent à cœur joie, de préférence par temps nuageux : plus de 50 000 clichés en moyenne.
A la manière de Google pour reproduire les rues, un véhicule bardé de caméras à 360° arpente le tracé. Puis le moindre cm2 est passé au crible avec des scanners installés sur trépieds (à la manière des géomètres) et déplacés tous les 100 yards (soit 91 m). Toutes les données sont entrées dans un logiciel en 3D puis un programme interne surpuissant baptisé Fuel Framework, incluant une infinité de critères : type de lumière et d’ombre, de matériaux, de flaques... "L’intégration de la pluie a été complexe en raison des reflets à moduler pour conserver de la visibilité et la prise en compte des coulées d’eau sur la piste, mais aussi sur les glissières ou les bâtiments. Il en va de même pour la nuit, où les reflets sur les matériaux sont un casse-tête" explique Matt, Directeur créatif.
D’où une difficulté certaine, pour les néophytes, à conduire de nuit (à hauteur de phares selon les tracés !) et surtout sous la pluie, où le moindre changement d’adhérence se ressent. De quoi augmenter l’adrénaline, mais l’entraînement est de rigueur. Le graphisme frappe par la multitude de détails soignés, comme la gestion de la lumière (reflets sur la peinture ou à bord), les optiques ou l’atmosphère retranscrite : public, hélicos, feu d’artifice... Superbe. Mais mieux vaut rester concentré car les concurrents ne font pas de cadeau. Le relief, lui, est mieux retranscrit qu’auparavant mais reste aplani par rapport à la réalité.

Les autos

Après avoir disséqué l’envers du décor, Turn 10 nous plonge au cœur du sujet : la modélisation des autos. Le responsable Gabriel Garcia explique que les membres de son équipe travaillent sur plusieurs autos en même temps et qu’au total, le développement d’un modèle nécessite six mois. Voir la vidéo exclusive des coulisses de Forza 6 avec Sport Auto.  "Au début, on a dû se battre pour obtenir de l’aide de la part des constructeurs. Aujourd’hui, on n’a plus qu’à décrocher le téléphone!" John Wendl, supervisant les acquisitions de données, précise que le Studio ne se focalise pas sur un nombre précis d’autos à intégrer : "nous répondons aux attentes exprimées par la communauté Forza, par les réseaux sociaux, nous surveillons les médias et les nouveautés. C’est sans fin, nous n’arrêtons pas de modéliser des voitures partout dans le monde ".
Comment? Pour les autos de collection, une équipe se charge de les scanner où qu’elles soient, de les mesurer et de les photographier sous tous les angles. L’accumulation de données est considérable. Pour les modernes, la démarche est simplifiée en partant du fichier CAD (Computer Aided Design) envoyé par les constructeurs et modélisant l’auto en 3D dans le moindre détail. En gros, on y observe la structure de l’auto (intérieure et extérieure) sur fond de quadrillage. Dans le but de greffer de la texture et de la couleur, les développeurs piochent dans une gigantesque banque de données. Ils s’appuient aussi sur une séance photos ultra-détaillée, organisée six mois avant le lancement officiel du modèle. "On est en contact permanent avec les designers et les ingénieurs. On assiste au développement grâce à la grande confiance acquise" confie Gabriel Garcia. Quitte à parfois statuer sur le rendu final avant les designers, en raison du calendrier à respecter, comme pour la Shelby GT 350.
Autre problématique : les dommages causés en course ! Le sujet reste délicat à aborder et les constructeurs s’opposent par exemple à ce que les autos prennent feu. Turn 10 est tout de même convié à des séances de crash tests. Une fois les autos modélisées, un autre chantier crucial démarre : le comportement. Le studio utilise pour cela des données dynamiques fournies par le constructeur (objectives) et ajoute du "fine tuning" (subjectif) comme les équipes de testeurs réelles. Le parallèle est amusant. La marque a un droit de regard sur le résultat obtenu, qui s’ajuste au cours de la phase finale de tests (durant un mois). Le jeu en vaut la chandelle car le comportement oblige à adopter une conduite académique. Chaque erreur est sanctionnée, comme dans la vraie vie. Les transferts de masse et les pertes d’adhérence sont réalistes. D’emblée, on ne peut pas claquer de chrono. Aller vite réclame de l’entraînement. Pour rappel, Forza n’est pas un jeu d’arcade mais de simulation qui nécessite de l’implication avant de jubiler. Ne serait-ce, aussi, que pour bien saisir les subtilités de l’interface : menu, réglages... N'hésitez pas à aller voir la vidéo des coulisses de fabrication du jeu Forza 6.

La sonorité

Pour terminer en fanfare, Turn 10 nous convie dans un studio de mixage pour appréhender la sacro-sainte sonorité. Encore une fois, la tâche est complexe. Rien que pour le moteur, 12 sources sont prélevées sur banc d’essai en phase d’accélération, de levé de pied et de régime stabilisé (sur toute la plage). En plus, des micros sont éparpillés autour de l’auto et à l’intérieur pour multiplier les angles de perception. Rien que pour la sonorité moteur, 100 pistes sont enregistrées. A cela s’ajoute les crissements de pneus (à choisir parmi 250 fichiers communs), les collisions dépendant des matériaux (plusieurs centaines de bruitages en stock), l’atmosphère extérieure (300 fichiers communs) et la musique que l’on peut couper (140 morceaux).
Au total, le pauvre ingénieur son doit mixer 1 000 pistes pour chaque auto ! Imaginez la prise de tête. Le résultat fait frétiller les tympans et reproduit fidèlement les envolées des mécaniques. On relève par exemple que la mélodie de la Huracan équivaut au mode normal et non au bestial Sport ou Corsa libérant l’échappement. Quant à la Shelby GT 350, les notes du ronflement du V8 sont justes, mais leur intensité est en-deçà de la réalité... Explosive ! Comment le savons-nous ? Grâce au partenariat entre Microsoft et Ford, nous avons eu l’immense privilège d’en prendre le volant sur le circuit de Sebring. La preuve en images avec cet essai vidéo de la Shelby GT 350 réalisé en octobre dernier.
N'oubliez pas, non plus, de revoir les coulisses du jeu Forza 6 en vidéo ! Maintenant que vous connaissez une partie des secrets de fabrication du meilleur jeu de simulation auto, passez à l'action et foncez maltraiter votre manette ou votre volant. De longues heures de bonheur vous attendent, avec à la clé des chronos de dingue et un garage à couper le souffle. La patience et la rigueur sont de mise. Mais le plaisir qui en découle est insoupçonnable !

Forza 6, en bref

Découvrez tous les détails sur Forza 6
> Développeur : Turn 10
> Editeur : Microsoft
> Console : X-Box One
> Tarif : 70€
> Technique : HD 1080p, 60 images par seconde, jusqu'à 24 joueurs en réseau.
> Contenu : 90 marques (dont Ferrari et Lamborghini), + 450 autos, 26 circuits.
Photo : Greg / Sport Auto

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