La Formule 1 se rend sur l'un des circuits les plus atypiques du calendrier ce week-end. Bakou est un circuit urbain mais les vitesses y sont beaucoup plus élevées qu'à Monaco ou Marina Bay. Le dernier secteur et la ligne droite principale offrent une pleine charge de 2,2km, la plus longue de l'année. Bakou propose aussi un passage à 7,6m de largeur, au niveau du château dans le deuxième secteur, le plus étroit de l'année.
« Bakou possède un beau tracé rendant les choses très intéressantes, » estime Nick Chester, le directeur technique châssis de Renault. « C'est comme si l'on assemblait trois circuits distincts. Le premier secteur est semblable à Sotchi avec des virages à angles droits et des lignes droites, le suivant est similaire à Monaco et le dernier ressemble au Canada avec une longue ligne droite. C'est un mélange difficile à maîtriser, car on utiliserait idéalement des niveaux d'appuis différents pour chaque secteur. Là, il y a toujours un compromis à faire. Toute erreur sera punie et Bakou est assez rapide contrairement à beaucoup de circuits urbains. Les pilotes le trouvent piégeux, mais il est clairement excitant ! »
L'aérodynamique et les freins sont très sollicités sur cette piste : « Plus que sur la plupart des circuits, vous avez besoin d'un ensemble aérodynamique efficace où vous pouvez employer une quantité raisonnable d'appuis sans trop de traînée, » précise Chester. « Les pilotes doivent être bons sur les phases de freinages, mais aussi dans les virages lents et serrés. »
Les courses sont toujours animées
Un circuit urbain est en général peu propice aux dépassements mais ce n'est pas le cas de Bakou, qui offre deux zones de DRS.
« Bakou est un circuit différent des autres tracés urbains sur lesquels nous nous rendons tant les endroits pour dépasser sont nombreux, » estime Daniel Ricciardo. « C'est une piste qui a toujours été intéressante de mon point de vue. »
Selon Romain Grosjean, c'est la longue ligne droite qui permet ces dépassements : « On peut prendre une grosse aspiration en ligne droite, (...) ce qui est toujours bien, » estime le Franco-Suisse. « C'est probablement une piste plus fun en course qu'en qualifications. En qualifications, on gère les virages à 90°, ce n'est pas aussi bien que sur d'autres circuits. La course est toujours passionnante. C'est probablement l'un des circuits, avec Monza, où le nouvel ensemble aéro (destiné à améliorer les dépassements) n'aura pas de grosse influence. Les courses ont toujours été bonnes là-bas, donc il n'y avait pas un gros besoin de changement. »
Pour Nico Hülkenberg, cette longue ligne droite sort du lot : « La longue ligne droite est probablement la section hors catégorie du tracé, » estime l'Allemand. « On peut y obtenir une énorme aspiration comme nous l'avions vu dans notre bataille avec les Red Bull en début de course l'an passé. Comme tout le monde le sait, tout peut arriver à Bakou. C'est très rapide et intense là-bas. Le secteur intermédiaire est plaisant avec des virages sinueux et lents entourés de murs très proches. Nous devons sortir de notre zone de confort, car les voitures ont de faibles niveaux d'appuis. C'est à la fois difficile et grisant, mais la moindre erreur peut avoir de grandes conséquences. »
Des erreurs sont possibles
La longue ligne droite est aussi le théâtre d'incidents, comme l'accrochage entre les pilotes Red Bull l'an dernier. Gérer ce freinage est difficile puisque les pneus se refroidissent dans la ligne droite.
« Avec la très longue ligne droite jusqu'au premier virage, les pneus peuvent se refroidir, cela peut créer un énorme chaos, nous l'avons déjà vu dans des restants ! » souligne Alexander Albon, vainqueur de la première course en F2 l'an dernier. « On peut prendre prendre plusieurs aspirations avec les pneus froids, les freins froids, et tout le monde qui se regroupe au premier virage. Il faut éviter les contacts et être très précis. »
Un circuit urbain a par nature peu de dégagements, ce qui peut aussi mener à des accidents. Pour Daniel Ricciardo, un défi sort du lot : « Le freinage est le premier d'entre eux, » estime-t-il. « C'est piégeux, il faut avoir un gros cœur et freiner le plus tard possible, surtout aux virages 1 et 3 après les lignes droites. Lorsque l'on tente de repousser son freinage, on est constamment à la limite et la marge d'erreur est inexistante. On doit trouver cette limite et c'est probablement le plus dur à Bakou tant les murs sont proches. Nous avons vu dans le passé que la moindre faute peut vous envoyer dans le mur. »
