Alain Prost a bien connu McLaren pour y avoir couru de 1984 à 1989. Et il a bien connu aussi les difficultés d'un duel, au sein d'une même équipe, entre deux pilotes de premier plan : avec le Brésilien Ayrton Senna.
"Ron Dennis vit une situation involontaire qui lui a échappée.
Son problème est qu'il a toujours eu tendance à sympathiser avec un de ses pilotes, à avoir pour lui une attitude protectrice. C'était le cas avec Senna, avec Häkkinen et maintenant avec Hamilton.
C'est ainsi, ce qui ne veut pas dire que ce pilote obtient un avantage technique. C'est juste une façon de se comporter.
Si l'humeur d'Alonso s'est détériorée, c'est parce qu'il n'avait pas la sympathie de Ron. Je pense qu'au final, Ron a fait une erreur fondamentale en n'établissant pas de hiérarchie claire en début de saison. Alonso aurait dû être mis clairement dans une position de numéro un et Hamilton de numéro deux.
Alonso aurait gagné le titre et Hamilton aurait connu une première saison d'apprentissage sans pression. Au final, tout est plus compliqué pour tout le monde.
Alonso a un peu exagéré ces critiques contre l'équipe, mais cela vient du fait que Ron veut démontrer à ses pilotes qu'il les traite à égalité technique, mais c'est impossible à démontrer."
Nelson Piquet, lui aussi, a connu les luttes fratricides entre équipiers. C'était avec Mansell chez Williams.
"La situation a dérapé petit à petit chez Mclaren. Pour aboutir à une bataille verbale entre Hamilton, Alonso et Dennis, sans précédant en F1.
Je ne pense pas qu'il y ait une conspiration contre Alonso. Son objectif, en le clamant, est de déstabiliser psychologiquement Hamilton. Comme je l'avais fait avec Mansell en le traitant d'idiot et en me moquant de sa femme. Sauf que là, Alonso a visiblement échoué. Pire, sa relation avec l'équipe s'est détériorée en retour.
Hamilton a aussi des torts. Aucun pilote ne devrait se comporter contre son équipier comme il l'a fait, en disant qu'Alonso devrait partir de chez McLaren. Encore moins un débutant face à un champion du monde."